Aider les étudiants en situation de handicap en utilisant les bons « REPÈRES »

Zone collaborateurs
10 août 2020
Aider les étudiants en situation de handicap en utilisant les bons « REPÈRES »

Sara Savoie, conseillère d'orientation et orthopédagogue nous présente un texte expliquant comment REPÈRES peut être utilisé pour intervenir avec les étudiants en situation de handicap.

L’idée d’un métier se fait souvent à partir de l’image que l’on a de celui-ci et des exigences (niveau d’études, aptitudes, matériel et accessoires, etc.) y étant reliées. La capacité que l’on a à atteindre et à exercer ce métier est alors influencée par l’image que l’on a de soi-même et de ses expériences sur le marché du travail. À 18 ans, il n’est pas toujours évident de se faire une idée précise de ce que pourrait être le métier le plus satisfaisant et quel chemin emprunter pour y arriver. Malgré l’atteinte de l’âge vénérable de la majorité, l’exploration professionnelle est encore nécessaire! Les étudiants en situation de handicap (ÉESH) du cégep vivent souvent les mêmes questionnements doublés de doutes sur leur capacité à parvenir au métier escompté.

Quelques recherches ont fait remarquer que tous les documents n’abordent pas la connaissance des métiers de la même façon. Certains parlent de ce qui doit être fait pour être admis dans un programme d’études et les métiers y étant reliés, d’autres de ce que fait réellement le professionnel quand il travaille et exerce ainsi son métier (Ouvrier-Bonnaz et al., 2001). C’est aux professionnels d’utiliser les moyens appropriés pour arriver à soutenir la démarche souvent déjà entamée spontanément par les étudiants (Crindal, A. & Ouvrier-Bonnaz, R., 2006). Nous pourrions alors nous interroger sur la façon dont certains outils d’exploration professionnelle peuvent s’arrimer plus particulièrement aux besoins des ÉESH.

Partant du fait que les caractéristiques des étudiants ayant un trouble de nature organique, moteur, visuel ou auditif ne sont pas les mêmes que celles des étudiants ayant un trouble d’apprentissage, de santé mentale ou du spectre de l’autisme et que tous les étudiants ayant un trouble d’apprentissage, de santé mentale ou du spectre de l’autisme n’ont pas les mêmes caractéristiques et surtout le même parcours en terme de réussite et de ressources, il est nécessaire de mettre à profit certaines fonctions et des moyens d’exploration professionnelle des plus variés!

En utilisant REPÈRES, les étudiants en situation de handicap peuvent, comme tout autre étudiant, y voir plus clair quant à la formation exigée et les tâches relatives à un métier. Cet outil demeure très accessible (souvent présent sur le portail informatique des cégeps) et l’étudiant peut l’utiliser au moment opportun et à l’endroit qui lui convient le mieux.

On y retrouve des activités d’information et d’orientation accordant une importance à l’aspect visuel des explications : les graphiques et les couleurs présents dans la section « Exploration par disciplines scolaires » et les images utilisées dans l’« Inventaire visuel d’intérêts professionnels (IVIP) » peuvent faciliter la compréhension d’un métier qui n’a jamais été considéré.

Les images favorisent la compréhension des tâches en lien avec le métier et permettent ainsi la connaissance de soi par une introspection plus concrète et exigeant moins de lecture que les questionnaires plus traditionnels. Les étudiants ayant un trouble d’apprentissage dont la dyslexie ou la dysphasie peuvent fortement apprécier la complémentarité des options. Par contre, les stages d’observation sont nécessaires pour compléter la compréhension surtout dans le cas d’étudiants ayant un trouble du spectre de l’autisme. L’environnement de travail, le bruit ambiant, les odeurs et les outils de travail sont alors à inclure dans la découverte professionnelle. Des auteurs valorisent tout ce qui peut être fait en ce sens (Bodeux, M., 2007, Rhéaume, L. & Savoie, S.,2017) et nous croyons que d’utiliser REPÈRES peut être tout à fait favorable pour les étudiants du cégep qui n’ont pas encore trouvé le métier qui pourraient les interpeller. Les ÉESH découvrent alors que les tâches exigées et décrites sous format de listes peuvent contribuer à départager les limites relatives à leur condition et celles relatives à leur goût. La section « Employeurs » dans REPÈRES peut alors être utilisée lors d'une activité de préparation avant un stage d'observation.

Le « Webfolio » est aussi très aidant pour cumuler les découvertes et scinder la tâche d’exploration en plusieurs moments pour ceux qui ont une mémoire de travail limitée et des fonctions exécutives de planification et d’organisation à améliorer. À ce titre, les étudiants ayant un trouble déficitaire de l’attention ou un trouble d’anxiété généralisée apprécient pouvoir y revenir pour se rappeler des démarches effectuées et celles pouvant être ajoutées. Les informations se trouvent alors en un endroit sécurisé et personnalisé selon les étapes de la démarche d’orientation entamée à l’école ou à l’extérieur de l’école.

Lors d’un retour aux études, il est encore plus vrai que l’exploration professionnelle doit être peaufinée à l’égard de tout le bagage et les expériences vécues par le passé et le bilan des compétences acquises à travers celles-ci (Rhéaume, L. & Savoie, S., 2017). Les perspectives d’emploi et les statistiques de placement peuvent contribuer à démystifier les préjugés transmis par les proches et à nuancer les risques reliés à certains choix de métiers. Les futurs étudiants ayant de l’anxiété en comorbidité ou des limites physiques pourront mettre de côté certaines craintes en se faisant une tête sur les débouchés sans être influencés par de fausses pensées d’anciennes réalités ou encore la publicité sur-estimée de certains établissements faisant tout ce qu’ils peuvent pour recruter. Les informations présentées dans REPÈRES diminuent les possibilités de mettre de côté un métier sans connaître objectivement sa réalité. Des liens avec des ressources, telles que les « prêts et bourses », des « organismes » et des « programmes d’aide » peuvent aussi contribuer à la réalisation de ce projet.

Les rêves professionnels doivent être validés de manière réaliste et des outils comme REPÈRES y contribuent fortement! L’accompagnement par les conseillers d’orientation demeure nécessaire pour avoir une vue d’ensemble et faire les liens appropriés sans être laissé à soi-même. Pour les ÉESH, l’utilisation de REPÈRES demeure un moyen concret et accessible qui ouvre le regard sur toutes les possibilités et une manière bien précise d’éliminer des choix pour les bonnes raisons.

Références :

Bodeux, M. (2007). Parler des métiers dès le collège? Une activité de conceptualisation en lien avec les disciplines scolaires. Argos, 42, 77-80.

Crindal, A. & Ouvrier-Bonnaz, R. (2006). La découverte professionnelle. Guide pour les enseignants, les conseillers d’orientation-psychologues et les formateurs. Paris : Delagrave.

Ouvrier-Bonnaz R., Remermier C. & Werthe, C. (2001). Analyse de l’activité professionnelle : connaissance du travail dans l’école et activité des élèves. Éducation permanente, 146, 99-114.

Rhéaume, L. & Savoie, S. (2017). C’est décidé, je retourne aux études : une histoire dont vous êtes le héros!. Septembre éditeur. Chapitre 1.


 

  • Forte d'une expérience professionnelle diversifiée relative au monde de l'éducation et à la réussite scolaire, Sara Savoie est conseillère d'orientation (M.Ed. 2003) et orthopédagogue (M.A. 2007). Bachelière en psychologie, elle s'est toujours intéressée à la prévention et à l'intervention auprès des élèves à risque. Elle est présentement conseillère en services adaptés à l’École Nationale d’Aérotechnique (ÉNA) et demeure formatrice de l’approche « du héros » présentée à l’intérieur du livre dont elle est co-auteure « C’est décidé, je retourne aux études : une histoire dont vous êtes le héros » pour lequel elle a obtenu le Prix Orientation 2018.