Entrevue avec une nutritionniste

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
7 mars 2017
Nutritionniste : Karine Gravel
Karine Gravel
Nutritionniste

Parcours

  • Karine dit souvent qu'elle n'a pas emprunté l'autoroute mais plutôt les sentiers battus puisqu'elle a pris quelques détours pour en arriver là où elle est aujourd'hui. Elle a exploité tout d'abord son côté artistique à travers les métiers d'art et rien ne laissait présager à ce moment qu'elle se dirigerait finalement vers la nutrition. Comme artiste, elle trouvait le travail autonome risqué et s'est alors mise à la recherche d'une autre possibilité de carrière qui lui apporterait davantage de sécurité. Les aliments occupaient déjà une place importante dans sa vie et il n'a fallu qu'une visite du département de nutrition de l'Université Laval pour déterminer sa nouvelle voie. 

    Le fait d’avoir une idée générale de ce qu'elle voulait plutôt qu'un plan de carrière spécifique lui a donné la latitude nécessaire pour saisir les opportunités. Son parcours l'a peut-être ramenée au travail autonome qu'elle avait évité au départ mais si elle pouvait recommencer, elle ferait exactement la même chose. Que ce soit pour créer l'aspect visuel de son site Web ou écrire un blogue, sa créativité se retrouve partout dans la manière qu'elle a d’aborder la nutrition. Elle a désormais la liberté de créer, non pas une pièce de céramique, mais son propre profil de nutritionniste et de travailler en lien avec ce qui la passionne vraiment : les comportements alimentaires. 

Formation

  • Au départ, Karine ne voulait pas vraiment aller à l'université. Elle a débuté par une formation collégiale en arts plastiques, puis elle a complété une seconde technique dans le domaine des métiers d'art où elle s'est spécialisée en céramique. Avec deux diplômes d'études collégiales en poche, le temps était venu pour elle de passer à un niveau d'études supérieures. Mais avant, une année intensive d'études au cégep l'attendait afin de compléter les cours de sciences préalables à son inscription au Baccalauréat en nutrition.

    Une fois son baccalauréat terminé, un projet de recherche l'a amenée à poursuivre ses études à la maîtrise puis une bourse dont elle a été récipiendaire l'a incitée à s'inscrire au doctorat. Karine n'a pas de formation en entrepreneuriat, elle a fait les apprentissages nécessaires sur le terrain en demandant des conseils et en s'entourant des bonnes personnes. Elle a assisté à des ateliers par l'entremise d'Entrepreneuriat Laval où elle a trouvé un mentor avec lequel elle évolue encore aujourd'hui.

Tâches

  • Cela fait tout juste deux ans qu'elle est travailleuse autonome à temps plein. Elle peut établir elle-même son horaire. Elle donne des formations à son compte pour les professionnels de la santé et le public mais elle travaille également pour un organisme comme formatrice, ce qui l'amène à se déplacer pour donner des formations et des conférences un peu partout au Québec. Il y a des jours où elle peut travailler chez elle en pyjama pour monter des formations et faire de la rédaction tandis qu'à d'autres moments, elle rencontre des clients toute la journée en consultation individuelle. Des contrats d'enseignement peuvent s'ajouter en fonction des sessions. Les journées sont en général bien remplies et très variées.

Intérêts

  • Le travail autonome comporte très certainement la dose d'insécurité que Karine redoutait au départ. Par contre, avec le temps, elle a appris à ne pas trop anticiper l'avenir. Il y a définitivement plus de liberté dans l'entrepreneuriat et elle n'a pas à faire face à toute la structure qui accompagne la recherche scientifique. Il y a une grande partie de son travail qui est reliée au bonheur des gens et c'est très valorisant. Elle sent qu'elle peut vraiment aider et être utile. Quand elle rencontre des personnes qui n'ont plus de plaisir à manger, qui calculent les calories, qui sont angoissées par leur situation et qui vont mieux et se sentent bien après un travail de quelques mois, elle a le sourire aux lèvres en retournant chez elle et c'est merveilleux. 

Qualités

  • En premier lieu, vient l'empathie. En clinique, le travail implique un contact direct avec les gens, il est donc nécessaire d'avoir des aptitudes dans les relations humaines. D'autant plus qu'en oeuvrant au niveau des comportements alimentaires, qui est un aspect très personnel de la vie des gens, elle fait face à une clientèle parfois très vulnérable. Lors de conférences, la personne doit également être créative pour transmettre un message qui va être intéressant et captiver l'auditoire. La lecture et la mise à jour constante de ses connaissances doivent faire partie intégrante de la vie d'un nutritionniste car c'est une science qui évolue très rapidement. Finalement, il est nécessaire d'aimer la biologie et la chimie et d'avoir une bonne dose de curiosité scientifique.

Aspect méconnu

  • Bien que la majeure partie des nutritionnistes travaille en milieu hospitalier, il y a présentement beaucoup de jeunes dans le domaine qui sont intéressés à devenir travailleur autonome. De plus en plus de nutritionnistes font également leur apparition dans les médias, ce qui contribue à faire connaître la profession. Un aspect relativement nouveau et intéressant selon Karine est la consultation individuelle en ligne. Les nouvelles technologies et les réseaux sociaux offrent beaucoup plus d'opportunités qu'une simple rencontre téléphonique. Le contact visuel avec la personne via une webcam est un grand avantage et les nutritionnistes qui offrent ce service ont des clients un peu partout. Les consultations peuvent se faire le soir et les gens trouvent ça bien pratique de ne pas avoir à se déplacer.

Conseils

  • Tout ne peut pas être décidé d'avance. Avant de traverser elle-même ce parcours, elle pensait que ceux qui avaient des doctorats le savaient déjà en 5e secondaire qu'ils obtiendraient ce diplôme. Elle n'aurait jamais pu savoir au départ ce qui l'attendait en choisissant ce qu'elle voulait faire dans la vie. Quand on a un intérêt pour quelque chose, faire du bénévolat dans un organisme en lien avec ce qui nous anime peut s'avérer très révélateur. Ça permet, entre autres, de savoir si on est bien dans ce genre d'environnement. Même s'il n'y a pas de salaire ou de retombée immédiate rattachée à cela, on y fait des rencontres et c'est parfois une bonne façon de développer des contacts pour le futur. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises motivations pour choisir une carrière mais il faut impérativement s'écouter.
Entrevue réalisée par Pascale-Andrée Boivin