Entrevue avec une toiletteuse comportementale

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
25 février 2025
Karine Larouche, propriétaire, formatrice et toiletteuse comportementale

Le toilettage consiste en divers soins d’hygiène et de beauté pour les animaux de compagnie. Karine Larouche fait part de sa vision du toilettage comportemental, davantage axée sur l’établissement d’une relation de confiance avec les animaux, et décrit son quotidien professionnel.

Karine Larouche
Un bain de folie - toilettage comportemental
Toiletteuse comportementale, propriétaire et formatrice
Question
Comment avez-vous choisi votre métier?
Réponse

J'ai choisi mon métier après un parcours de 10 ans en recherche clinique, où je me sentais insatisfaite et malheureuse. Cette période m'a poussée à me poser de profondes questions sur ce que je voulais réellement faire de ma vie. J'ai toujours eu une passion pour les animaux et la nature, mais je ne savais pas comment en faire une carrière. Finalement, le toilettage est arrivé dans ma vie comme une évidence, à un moment où j'étais au plus bas. C'était une décision spontanée, presque désespérée, mais elle s'est avérée la meilleure que j'aie prise. 

Question
À quoi ressemble une journée type de travail et quelles sont vos tâches?
Réponse

Ma journée commence par la préparation de mon équipement et l'accueil des clientes et des clients. En tant que toiletteuse comportementale, je consacre beaucoup de temps à familiariser les animaux aux soins de manière progressive et respectueuse. Chaque séance est courte, d'une demi-heure à une heure, et je m'efforce de créer un lien de confiance avec chaque animal. Après chaque rendez-vous, je nettoie les installations, prends de nouveaux rendez-vous, et me prépare pour le client suivant. Chaque journée est unique car chaque animal a des besoins spécifiques, et je m'adapte constamment leurs réactions et à leurs émotions.

Question
Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre profession, qui vous passionne ou vous rend fière?
Réponse

Ce que j'aime le plus dans mon métier, c'est de constater les progrès réalisés par les animaux traumatisés qui, au fil du temps, apprennent à me faire confiance. Rien n’est plus gratifiant que de voir un animal qui avait peur se détendre et même manifester de la joie en venant au toilettage. Ces moments de connexion authentique me procurent une immense satisfaction et me rappellent pourquoi j'aime ce que je fais. Chaque fois que je vois un animal surmonter ses peurs, je ressens une profonde fierté et une joie indescriptible.

Question
Qu’est-ce que vous aimez le moins dans votre travail ou qui est le plus difficile (points négatifs, défis, difficultés)?
Réponse

Le plus difficile, c'est l'exigence physique et mentale qu'il impose. Il faut être en excellente forme physique pour supporter les longues heures de travail debout, souvent dans des positions inconfortables, passées à manipuler des animaux parfois stressés ou réticents. Les deux premières années ont été particulièrement éprouvantes, puisqu’il a fallu tout apprendre, sur le plan tant technique que relationnel. Le métier est aussi mentalement épuisant, car il demande une grande capacité d'adaptation et une concentration constante.

Question
Une chose méconnue de votre métier ou que les gens ne soupçonnent pas?
Réponse

Beaucoup de gens ne réalisent pas que le toilettage comportemental va bien au-delà du simple fait de laver ou de couper les poils d'un animal. Il importe de créer un véritable lien de confiance avec l'animal, en respectant son rythme et ses limites. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, il ne s'agit pas de maintenir les animaux de force et de devoir tout nettoyer après leur passage. Mon approche est basée sur la douceur et le respect, des valeurs souvent méconnues du grand public.

Question
Quel est votre parcours de formation?
Réponse

Mon parcours de formation a commencé après ma décision de quitter ma carrière en recherche clinique. J'ai cherché une formation en toilettage qui correspondait à ma vision du métier, en mettant l'accent sur une approche douce et respectueuse des animaux. J'ai trouvé une école qui prônait ces valeurs, et cela m'a convaincue de m'engager pleinement dans cette voie. Avec le temps, j'ai également évolué pour devenir formatrice, une transition qui s'est faite naturellement après plusieurs années de pratique, lorsque j'ai commencé à me sentir prête à transmettre mon savoir.

Question
Votre travail exige-t-il des capacités particulières (physiques, psychologiques, etc.)?
Réponse

Oui, mon travail exige des capacités physiques importantes. Il faut être en bonne forme physique pour manipuler les animaux et supporter les longues heures de travail. Une bonne hygiène de vie est essentielle, incluant des exercices réguliers et des étirements pour prévenir les blessures. L'endurance est cruciale, surtout pendant les premières années où l'apprentissage est intensif. Le métier est exigeant sur le plan physique, mais avec le temps, on développe la force et la résilience nécessaires pour le gérer.

Question
Constatez-vous une évolution du métier depuis que vous avez commencé à exercer (nouvelles tendances dans le domaine)?
Réponse

Depuis que j'ai commencé, j'ai observé une évolution notable dans le métier, surtout avec l'émergence de concepts comme le "toilettage en douceur" et le "toilettage comportemental". Ces termes sont devenus populaires, bien qu'ils soient parfois mal utilisés. Mon objectif est de continuer à faire évoluer la profession vers une meilleure reconnaissance et des conditions de travail plus justes. J'espère contribuer à hausser les standards du métier pour qu'il soit mieux compris et respecté.

Question
Quelles sont vos conditions de travail (horaire, contraintes, avantages)?
Réponse

Mes conditions de travail peuvent être difficiles, avec des horaires souvent chargés et des salaires peu élevés. Malgré cela, je trouve mon métier extrêmement gratifiant sur le plan émotionnel. Les contraintes physiques sont réelles, mais elles sont compensées par la satisfaction de voir les animaux progresser et de savoir que je fais une différence dans leur vie. C'est un travail de passion, et c'est cette passion qui me motive à persévérer malgré les défis.

Question
Avez-vous des suggestions à donner à quelqu’un qui voudrait faire ce choix de carrière?
Réponse

Pour ceux et elles qui envisagent de se lancer dans ce métier, je recommande de bien réfléchir à leur motivation. Il faut être prêt à relever des défis physiques et mentaux importants, et surtout, il faut avoir une véritable passion pour les animaux. La persévérance est essentielle, surtout pendant les premières années qui sont les plus éprouvantes. Si vous aimez profondément les animaux et que vous êtes prêt à vous investir pleinement, ce métier peut être extrêmement enrichissant et gratifiant.

Entrevue réalisée par Karine Filteau