Entrevue avec une pompière

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
6 juin 2017
Pompière : Sonia Tanguay
Sonia Tanguay
Service de protection contre l'incendie de la Ville de Québec
Pompière

Parcours

  • Après avoir fait un cours en informatique, c'est grâce à un ami qu'elle a découvert qu'elle pouvait avoir accès à la profession de pompier. En tant que femme, elle n'avait jamais pensé qu'elle pouvait exercer ce métier. Auparavant, il y avait des hommes qui n'acceptaient aucune femme dans les casernes. Bien sûr, elle a dû faire ses preuves mais elle a eu la chance de débuter dans une équipe qui souhaitait qu'une femme vienne se joindre à eux. Cela fait maintenant 24 ans que Sonia est pompière. Elle œuvre depuis plus de 13 ans à temps plein pour le Service de protection contre l’incendie de la Ville de Québec (SPCIQ) où elle s'est spécialisée dans le domaine des matières dangereuses. Ses connaissances l'ont amenée à intervenir dans différents endroits dont à Lac-Mégantic lors du tragique accident de train en 2013.

Formation

  • La formation a bien changé avec le temps. Aujourd'hui, les conditions d'accès à la profession varient selon le nombre d'habitants dans la municipalité ou la ville desservie par la caserne. Sonia, quant à elle, a fait à l'époque plusieurs cours qui lui ont permis par la suite de faire reconnaître son diplôme d'études collégiales dans le domaine. Au cours de la formation, différents cours portent sur la psychologie car un pompier est régulièrement confronté à la détresse des gens. Il est donc nécessaire dès le départ de savoir s'il saura faire face à ces situations.

Tâches

  • L'horaire de travail est planifié pour une période d'un mois et chaque semaine est différente. Le travail peut être de jour pour une semaine et de nuit pour la suivante. De plus, Sonia doit travailler six jours consécutifs ainsi qu'un dimanche par mois pendant 24 heures d'affilée. Son horaire compte 13 jours de travail mensuellement auxquels du temps supplémentaire s'ajoute de temps à autre pour remplacer ses collègues. Dans les casernes, il y a toujours quatre équipes de pompiers qui sont en rotation de manière à assurer une présence constante sur place. Lors d'appels, les pompiers savent quand ils partent mais ils ne savent jamais quand le feu sera éteint et quand ils reviendront.

    Les tâches d'un pompier ne se résument pas seulement à éteindre des feux. Bien au contraire! Ils doivent répondre à divers types d'appels en lien avec leur spécialité. Pour l'équipe de Sonia, cela signifie intervenir sur les lieux d'accidents où il y a des fuites de gaz et lors de différentes problématiques en lien avec les matières dangereuses. Vérifier les camions, procéder à leur nettoyage, calibrer les détecteurs, faire de la prévention domiciliaire, visiter des bâtiments et des usines ne sont que quelques-uns des aspects de son métier. L'entraînement occupe une place prépondérante car l'exercice physique se doit d'être régulier. Il y a également beaucoup de temps consacré à la formation continue pendant les heures de travail, ce qui contribue à la mise à jour des connaissances. Elles portent, par exemple, sur les techniques de sauvetage, la gestion de l'air avec l'appareil respiratoire, la structure des bâtiments ou encore les nouvelles technologies. Il arrive même parfois que Sonia conduise elle-même le camion lors des sorties.

Capacités physiques

  • C'est exigeant physiquement mais c'est un travail d’équipe où tout le monde s'entraide. Avec les années, elle peut dire qu'être une femme n'a pas été un désavantage. Un pompier doit avoir une certaine force physique mais également de la dextérité, de l'endurance, un contrôle de soi et il ne doit pas être claustrophobe. L'évaluation de la forme physique, de l'endurance et de la force se fait au moment de l'embauche sous forme de parcours ou d’étapes à franchir avec l'équipement.

Intérêts

  • On a tendance à l'oublier mais les pompiers portent le même équipement, peu importe la saison et les conditions climatiques. En été, lorsque la chaleur est suffocante, il est possible de s'arroser pour se rafraîchir mais il est très ardu de se réchauffer à - 30 ˚C en hiver. C'est l'aspect de sa profession que Sonia trouve le plus difficile car, pour le reste, elle aime à peu près tout. Le désir d'aider les gens et de leur porter secours, elle l'a en elle, et c'est pourquoi elle n'a pas hésité un instant à se rendre à Lac-Mégantic lorsque le besoin s'est fait sentir. Elle faisait partie de la première équipe de Québec à se diriger sur les lieux de l'accident. Bien qu'elle doive faire face à des situations marquantes et à certaines images qu'elle n’oubliera certainement jamais, elle sait qu'elle peut toujours compter sur le soutien de ses pairs.

Qualités

  • Être fonceur est certainement la première qualité à posséder pour se démarquer dans cette profession. L'empathie doit venir équilibrer le plaisir qu'a le pompier à se rendre sur les lieux d'un incendie. Quand l'alarme sonne, il reçoit une bonne dose d'adrénaline et bien qu'il adore ça, il ne doit pas le démontrer devant les gens qui voient leur maison et leurs souvenirs partir en fumée. Chaque fille a sa place dans ce domaine. Il y en a d'ailleurs de plus en plus dans les équipes et les gars adorent ça. Ça apporte une vision des choses teintée d'un point de vue féminin. Une pompière ne doit pas être susceptible car l'ambiance est souvent à la rigolade. Si elle est déterminée, débrouillarde, patiente et ambitieuse, elle a déjà de bons atouts en main.

Aspect méconnu

  • Avant tout dans ce métier, il faut s'amuser car cela permet de faire face à certaines situations troublantes auxquelles les pompiers sont confrontés. La confiance envers ses collègues est de mise car lors d'interventions, la sécurité de chacun dépend du travail d'équipe. Souvent les gens croient qu'un pompier ne fait qu'attendre les appels à la caserne mais ce n'est pas seulement ça. L'horaire est bien rempli. Autrefois, le fait d'aller au feu et d'en revenir noircit de la tête aux pieds par la fumée était, en plus d'être valorisant, considéré sans conséquence. Mais aujourd'hui, les choses ont changé, car l'aspect santé et sécurité passe avant tout. Il est donc important au retour que chaque pompier respecte le protocole de décontamination afin de réduire au maximum les risques pour sa santé.

Conseils

  • Aller visiter une caserne et discuter avec les pompiers sur place est le meilleur moyen de connaître cette profession. Il ne faut pas avoir peur de les déranger car ils souhaitent faire connaître leur profession. Il y a souvent des démonstrations, des journées portes ouvertes ou d'autres types d'activités en vue de faire connaître leur métier. Il est même possible de les contacter afin de leur faire part de votre intérêt et de prévoir une rencontre.
Entrevue réalisée par Pascale-Andrée Boivin