Entrevue avec une guide en tourisme d'aventure

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
13 février 2018
Guide de tourisme d'aventure : Élisabeth Clavel
Élisabeth Clavel
Guide en tourisme d'aventure

Parcours

  • Élisabeth s'est d’abord orientée vers les sciences naturelles au cégep. Par contre, une évidence s'est imposée rapidement. Elle n'était pas du genre à passer ses journées dans une salle de cours à écouter le professeur, il fallait que ça bouge! Une démarche effectuée avec une conseillère d'orientation lui a permis de réaliser que le tourisme d'aventure et la photographie étaient deux domaines qui allaient de pair avec ses intérêts. Bien qu'elle n'avait jamais vraiment connu de guide d'aventure ni fait de grandes expéditions, elle avait déjà vu des gens faire un travail d'animation en nature et c'est ce qui lui a donné le goût de se tourner vers ce domaine.

Formation

  • Elle s'est inscrite au programme Techniques du tourisme d'aventure au Cégep de la Gaspésie et des Îles même si cela impliquait un déménagement loin de son Lévis natal. À peine le programme débuté, son groupe devait déjà planifier la première expédition de canot. C'était parfait pour Élisabeth! La formation reçue lui a permis d'obtenir les certifications demandées sur le marché du travail. Que ce soit le secourisme, la conduite d'embarcations de plaisance, la cuisine en plein air, la sécurité en avalanche, tout était planifié pour qu'elle soit prête à travailler dès sa diplomation. Les étudiants sont constamment mis en situation. Élisabeth est d'ailleurs partie pendant 5 jours dans le parc national de la Gaspésie lors d'un cours de survie en avalanche où elle a monté la montagne, étudié le manteau neigeux et a même fait une simulation pour retrouver un de ses coéquipiers enfoui sous la neige. Ayant terminé sa formation depuis 2015, elle fait actuellement un cours de photographie à distance afin de faire des photos souvenirs pour la clientèle lors des sorties.

Tâches

  • De mai à octobre, Élisabeth travaille comme guide-animatrice à La Seigneurie du Triton. Elle dirige des expéditions en canot et anime diverses activités de groupes comme des marches aux flambeaux et des ateliers sur les fourrures et les animaux québécois. Elle loge sur place vu que la pourvoirie se situe en plein cœur de la nature et, par le fait même, en milieu plus isolé. Pendant cette période, elle adapte son horaire et sa vie en fonction de son emploi. Selon les réservations, ses journées de travail peuvent commencer à 7 ou 8 h le matin et se terminer vers 22 h 30 le soir. Que ce soit au niveau de l'équipement ou encore du contenu de ses animations, elle doit veiller à tout préparer. Elle a ensuite quelques semaines de répit avant de débuter son travail de guide de traîneau à chiens qu'elle exerce pour une autre entreprise pendant l'hiver. Elle s'occupe des animaux, les nourrit, fait le ménage du chenil, prépare les traîneaux selon les groupes, attelle les chiens, accompagne les gens lors de l'activité, etc. Elle dispose ensuite d'un autre moment de transition où elle est en congé avant de recommencer à travailler pour la saison estivale.

Capacités physiques

  • Peu importe le type d'activité dans laquelle le guide se spécialise, il aura continuellement à bouger et à accomplir des tâches qui demandent une bonne endurance physique. Il est nécessaire pour Élisabeth de s'entraîner un peu entre ses contrats pour garder la forme. Elle planifie souvent le tout en fonction du travail qu'elle aura à exercer lors de la saison suivante. En traîneau à chiens, il faut avoir un bon cardio pour courir avec les bêtes tandis qu'à la Seigneurie du Triton, elle doit avoir une certaine masse musculaire pour être en mesure, entre autres, de lever et de déplacer les canots.

Intérêts

  • Elle adore voir les participants en émerveillement devant ce qu'elle raconte. Elle se documente continuellement pour bonifier ses animations et ainsi trouver l'information qui captivera son groupe. Elle trouvait difficile au départ de travailler les fins de semaine mais avec le temps elle s'est bien adaptée à ce rythme de vie. Dans certaines entreprises, il y a encore malheureusement du travail à faire pour faire valoir la présence des femmes dans le domaine du plein air. Bien que les choses tendent à évoluer, une femme doit parfois travailler fort pour prouver à un employeur qu'elle est capable d’effectuer toutes les tâches.

Qualités

  • Avant toute chose, un guide doit être très débrouillard car il doit parfois trouver des solutions à des problèmes inattendus. Il doit également s'écouter en plus d'écouter les gens qu'il accompagne. S'il se fatigue dès la première journée d'une expédition, par exemple, il n'aura pas le temps de reprendre des forces pour mener à bien le reste du périple. De plus, même si la moitié du groupe se plaint d'un rythme trop lent lors de l'activité, il doit se soucier des autres qui ont plus de difficulté afin de faire vivre une belle expérience à tous sans exception. Dans l'animation de groupes, le dynamisme, l'autonomie et la patience sont importants mais un guide doit aussi avoir un sens de l’observation aiguisé notamment pour détecter les engelures, les symptômes de la faim ou les changements d'humeur des individus qui sont sous sa responsabilité.

Aspect méconnu

  • Le tourisme d'aventure n'est pas toujours synonyme d'activités extrêmes. Ce n'est pas seulement les gens qui sont très actifs physiquement qui se dirigent dans ce domaine. Cet aspect se développe plutôt avec le temps, au fil des expériences professionnelles. Gérer les risques possibles sur les lieux de l'activité est certainement la plus grande responsabilité d'un guide. Il doit essayer de prévoir tout ce qui peut arriver pour veiller à la sécurité de chaque individu de son groupe mais il ne faut pas oublier qu'il doit se protéger lui-même avant tout pour être en mesure d'offrir aux gens une expérience satisfaisante et de ramener le groupe à bon port. Même avec une solide formation, les guides ne sont pas pour autant à l'abri des accidents.

Conseils

  • Quand Élisabeth est arrivée à Gaspé, une nouvelle vie débutait pour elle. Le fait de déménager loin de leur milieu et de leur famille peut parfois amener certaines personnes à laisser tomber des options intéressantes pour elles, mais Élisabeth soutient qu'il est important de ne pas mettre un frein à ses ambitions pour cette raison. Dans ce métier, il faut être prêt à s'éloigner. Bien que certaines entreprises offrent des activités qui se déroulent plus près des milieux urbains, d'autres proposent un tout autre mode de vie. Faire une expédition ou une activité de plein air guidée peut être une bonne façon d'avoir une idée du travail qu'effectue un guide et de confirmer si c'est quelque chose qui correspond à ce que la personne veut faire comme métier.
Entrevue réalisée par Pascale-Andrée Boivin