Entrevue avec un concepteur de costumes

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
12 juin 2018
Concepteur de costumes : Sébastien Dionne

Lorsque nous allons voir une pièce de théâtre, nous ne réalisons pas toujours le grand nombre de personnes qui travaillent en arrière scène pour assurer la réussite de la pièce. Le concepteur de costumes est une de ces personnes sans qui une pièce de théâtre ne pourrait voir le jour. 

Sébastien Dionne
Travailleur autonome
Concepteur de costumes
Question
Comment avez-vous choisi votre métier?
Réponse

Je fais ce que j’ai toujours rêvé de faire. Je dessinais déjà des costumes à l’âge de cinq ans en disant que je voulais travailler dans le domaine de la mode plus tard. En 5e secondaire, j’ai créé tous les costumes et les décors pour la troupe de théâtre de mon école. C’est à ce moment que j’ai découvert que l’univers des costumes était plus large et me permettait plus de liberté d’exécution que la mode. Au théâtre, chaque projet est un travail créatif. Il n’y a jamais rien qui est créé dans le but d’être commercialisé et standardisé. Cela fait 11 ans maintenant que je travaille dans le domaine théâtral.

Question
À quoi ressemble une journée de travail?
Réponse

Il n’y pas deux journées identiques. Plus un spectacle approche et plus elles peuvent être longues et stressantes. De manière générale, le metteur en scène choisit son équipe environ un an avant une production. J’ai donc parfois plusieurs contrats à livrer en même temps, par exemple, un où je dois concevoir un costume d’époque et au même moment un autre, qui lui, m’amènera dans un univers complètement différent avec une pièce qui se déroule dans l’espace. Je peux passer une journée en atelier avec les couturières, alors que le lendemain, je suis en rencontre avec les concepteurs pour discuter des lignes directrices d’un projet. Aller voir une exposition dans un musée, faire des recherches dans les livres pour m’inspirer, faire des esquisses, aller voir d’autres pièces de théâtre, assister aux répétitions, participer aux essayages avec les comédiens, tout ça fait partie intégrante de mon travail.

Question
Quels aspects de votre métier sont méconnus?
Réponse

Un concepteur de costumes ne conçoit pas toujours des costumes. Parfois, on achète des vêtements qui se retrouvent en magasin et notre défi sera alors de les trouver et de les acheter plutôt que de les créer en atelier. Si une scène se déroule dans un univers très actuel, par exemple, on ne fabriquera pas le jeans et la chemise blanche que portera un personnage. Notre travail est également totalement différent selon le domaine dans lequel le concepteur se spécialise. Au théâtre, il faut penser aux jeux de lumière sur scène qui ont un effet sur les costumes. Au cinéma, c’est plutôt l’aspect visuel devant la caméra qui compte et comment cela va apparaître à l’écran. Au cirque, les costumes sont créés avant tout de manière à être sécuritaires et à ne pas gêner la performance de l’artiste.

Question
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre travail?
Réponse

Les concepteurs de costumes sont principalement des pigistes. La partie de mon travail la moins palpitante pour moi, c’est l’aspect administratif qui est nécessaire et dont je dois m’occuper. Lorsque tu te représentes toi-même, c’est toi qui es en face de la personne qui gère les budgets de la production théâtrale, tu dois alors négocier et gérer tes contrats. Il faut faire valoir l’aspect artistique et démontrer que les heures de travail prévues sur un projet sont justifiées. Il y a en plus beaucoup de courriels à rédiger, de la paperasse à remplir et des factures à calculer alors que toi, en réalité, tu veux simplement créer. Je me réfère parfois à un agent pour des productions de grande envergure ou encore pour des spectacles à l’international qui peuvent devenir rapidement plus difficiles à gérer.

Question
Qu’est-ce qu’un futur concepteur de costume devrait savoir?
Réponse

Le réseautage est souvent notre principal allié pour l’obtention des contrats. Il faut oser aller rencontrer les metteurs en scène et leur dire qu’on aimerait travailler avec eux. Même si je suis quelqu'un de très gêné, je leur envoie des invitations pour qu’ils viennent voir les productions sur lesquelles je travaille afin de me faire connaître. Les opportunités n’arrivent pas sans effort. Bien que le talent soit nécessaire, la personnalité compte pour beaucoup et, dans ce milieu, on doit avoir une très grande capacité à gérer le stress. Une personne peut être très talentueuse mais si c’est désagréable de travailler avec elle, les gens vont vite la mettre à l’écart. C’est un travail d’équipe avant tout.

Entrevue réalisée par Pascale-Andrée Boivin