Entrevue avec un enquêteur privé

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
9 octobre 2018
Enquêteur privé : Francois du Sablon

La profession d'enquêteur privé est souvent entourée de beaucoup de mystère, teinté par tout ce que nous voyons dans les films et à la télévision. L'Équipe REPÈRES a voulu briser le mystère entourant cette profession en rencontrant François Du Sablon, enquêteur privé.

François Du Sablon
Enquêteur privé
Question
Comment avez-vous choisi votre métier?
Réponse
Avant de devenir enquêteur privé, j’ai eu pendant 18 ans une entreprise spécialisée en placement de personnel. L’idée de changer de carrière m’est venue lorsqu’un de mes clients m’a demandé de recruter des gens intéressés à se lancer en affaires dans le domaine de la vérification d’antécédents judiciaires. Ce projet m’a tout de suite interpellé. Je suis donc retourné aux études pour faire les cours nécessaires afin d’être accrédité par le Bureau de sécurité publique (BSP). J’exerce les fonctions d’enquêteur privé depuis un peu plus de deux ans maintenant. J’ai vu bien des personnalités différentes au fil des 4000 entrevues réalisées dans mon emploi précédent et cette expérience m’aide beaucoup à cerner rapidement les gens dans mes tâches actuelles.
Question
À quoi ressemble une journée type de travail?
Réponse

Ça dépend de la façon dont les dossiers se présentent. Tout d’abord, je pose beaucoup de questions au client pour m’assurer de la légitimité de sa demande et connaître ses motivations réelles, car il est important que le résultat de mon intervention ne soit pas utilisé de manière négative. Ensuite, je fais un plan d’enquête et une évaluation du budget nécessaire selon son besoin. Je passe beaucoup de temps au bureau où je fais le tour de toute l’information publique disponible sur quelqu’un et j’élabore ma stratégie. J’utilise également diverses banques de données auxquelles j’ai accès en tant qu’enquêteur. Une fois que je dispose de toute l’information nécessaire, je pars recueillir les preuves sur le terrain en usant de subterfuges et de créativité tout en demeurant dans la légalité. Par exemple, je peux recueillir le témoignage d’une personne en montant un scénario de toutes pièces ou encore faire de la filature incognito en pleine nuit avec une caméra dissimulée sur ma voiture. En fait, c’est l’enquête qui détermine quand je vais devoir travailler. Chaque journée est différente.

Question
Qu’est-ce qui vous rend fier de votre profession?
Réponse

Les mandats que j’aime le plus proviennent des entreprises qui ont des problèmes à régler à l’interne. Par exemple, un employé qui est indemnisé par la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) est soupçonné de faire du ski alors qu’il est en arrêt de travail parce qu’il a le dos bloqué. C’est tellement satisfaisant de prendre un sujet en flagrant délit alors qu’en plus la caméra est allumée! Que ce soit un entrepreneur comme dans ce cas-ci ou encore un conjoint qui se fait tromper ou une personne qui se fait harceler, c’est gratifiant car on aide plein de gens à solutionner des situations problématiques dans leur vie.

Question
Quel aspect est méconnu?
Réponse

Même si c’est un métier discret, il faut également se faire connaître. L’enquêteur privé touche au monde des affaires et il doit gérer une clientèle. Une chose importante à savoir c’est que le métier a beaucoup évolué au fil du temps. Avec les nouvelles technologies, rechercher de l’information prend beaucoup moins de temps qu’il y a 20 ans et bénéficier des services d’un enquêteur privé est souvent moins coûteux que ce que les gens pensent. Bien qu’il travaille en général pour un bureau d’enquête privée, il est également possible de se faire embaucher par plusieurs grandes entreprises qui disposent maintenant de leur propre enquêteur.

Question
Qu’est-ce qu’un futur enquêteur privé devrait savoir?
Réponse

Ce que l’on voit beaucoup dans le domaine, ce sont des gens qui, comme moi, ont eu une première carrière. Il y en a plusieurs, d’ailleurs, qui sont d’anciens policiers puisque les deux professions sont intimement liées. Toutefois, une personne qui n’a pas ce profil peut débuter, par exemple, comme agent de sécurité dans les magasins pour contrer le vol à l’étalage. C’est une bonne entrée en matière puisque ça permet d’aiguiser le sens de l’observation. De plus, en postulant pour des emplois en lien avec l’investigation, on peut aller chercher encore plus d’expérience lorsque vient le temps de faire les cours pour obtenir la certification d’enquêteur privé du BSP. Il est malheureusement difficile de travailler à temps plein dans le secteur privé et il faut s’attendre à un horaire très variable car on ne peut jamais prévoir quelle tournure va prendre une enquête.

Entrevue réalisée par Pascale-Andrée Boivin