Entrevue avec un scaphandrier

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
7 mai 2019
Scaphandrier

Ce mois-ci, nous avons eu la chance de rencontrer Philippe Lavoie, scaphandrier chez Expertech Marine Inc. afin de démystifier cette profession des plus intrigantes. Il a accepté de nous parler de ce qui l'a amené à devenir scaphandrier, de son quotidien au travail, des exigences et des aspects méconnus de son métier.

Philippe Lavoie
Expertech Marine Inc.
Scaphandrier
Question
Comment avez-vous choisi votre métier?
Réponse

Avant de devenir scaphandrier, je travaillais comme mécanicien de machinerie lourde en plus d’être soudeur. C’est en pratiquant la plongée sous-marine comme passe-temps que j’ai développé un intérêt particulier pour cette activité, ce qui m’a amené à faire diverses formations dans une école de plongée. Au départ, je ne pensais pas en faire un métier mais comme j’étais un peu blasé de travailler en mécanique, j’ai décidé de m’inscrire au programme de plongée professionnelle à l’Institut maritime du Québec. 

Question
À quoi ressemble une journée type de travail?
Réponse

Chaque jour est différent. Je peux faire des inspections de bateaux, exécuter des travaux d’urgence ou encore réparer des quais, des plates-formes de forage, des barrages ou des ponts. Selon la règlementation, je peux rester sous l’eau pendant un maximum de quatre heures. Une fois la limite atteinte, je dois revenir à la surface. Par la suite, un de mes collègues prend la relève afin de poursuivre les travaux entrepris. Nous travaillons toujours en équipe de quatre. Pendant qu’un de nous, par exemple, fait de la soudure sur la partie d’un pilier de pont immergé, les autres ont différents rôles à jouer dont apporter les outils, gérer les télécommunications et veiller à la sécurité.    

Question
Quels sont les aspects méconnus de votre métier?
Réponse

En plus de faire mon travail, je dois cohabiter avec la faune sous-marine et la respecter. Il peut être surprenant, par exemple, de voir surgir dans l’eau très opaque du fleuve Saint-Laurent un gros esturgeon qui veut protéger son territoire. En hiver, je suis beaucoup plus avantagé pour faire face au froid en étant dans l’eau plutôt qu’au sec sur le quai. Le costume de scaphandrier que je porte est alimenté par une génératrice qui le remplit continuellement d’eau chaude. C’est comme si j’étais dans mon bain!  

Question
Est-ce que votre travail exige des capacités physiques particulières?
Réponse

Le travail en eau profonde est plus fatigant physiquement que celui exécuté près de la surface, car la pression sous-marine augmente au fur et à mesure que l’on descend. De plus, l’air qui nous est transmis en eau profonde est un mélange de différents gaz qui peut occasionner certains risques comme celui d’être affecté par une narcose qui provoque des effets comparables à ceux ressentis par une personne en état d’ébriété. Avant d’être inscrit dans le programme de formation, on doit réussir certains tests physiques et même une fois en poste, nous sommes soumis à des tests médicaux pour s’assurer qu’on est continuellement aptes à exercer les tâches.

Question
Qu’est-ce qu’un futur scaphandrier devrait savoir?
Réponse

Moi, je travaille à l’année mais de façon générale la période d’activité la plus intense pour les scaphandriers se situe de septembre à décembre. Pendant ce temps, on est très en demande. Si une personne reçoit une offre intéressante d’un autre employeur, il est important de finir les contrats dans lesquels elle s’est engagée. C’est un petit milieu et laisser tomber un employeur qui compte sur nous ce n’est pas bien vu. Il faut être prêt également à se déplacer partout au Québec et ne pas s’attendre à retourner à la maison tous les soirs après sa journée de travail, car certains contrats peuvent durer des mois et être en milieu plus éloigné.

Entrevue réalisée par Pascale-Andrée Boivin