Quand rêver n’est pas assez : l’information scolaire et professionnelle et le choix de carrière

Zone collaborateurs
7 mai 2019
Thomas Critchley

Notre collaborateur Thomas Critchley, c.o. nous partage un texte ce mois-ci visant à souligner l’importance de l’ISEP dans la génération d’options de métiers et de professions convenables et réalistes en fonction de la réalité de la personne.

Effectuer un premier choix de carrière est en quelque sorte un passage nécessaire vers le marché du travail et la vie professionnelle. Afin d’effectuer ce choix de façon éclairée et de s’assurer que cela devienne une réalité, la personne doit mettre à sa disposition tous les moyens et les mesures possibles, incluant des ressources d’information scolaire et professionnelle (ISEP). Le but de cet article est de souligner l’importance de l’ISEP dans la génération d’options de métiers et de professions convenables et réalistes en fonction de la réalité de la personne.

Vers la fin du secondaire en formation générale des jeunes, la plupart des élèves sont confrontés à une tâche qui peut être dans certains cas intimidante et très imposante : faire un premier choix de formation, de métier ou de profession. Le choix de carrière se définit comme étant une décision consciente qui suit un processus complexe relevant de plusieurs grandes classes de déterminants, tels que les aptitudes, les intérêts ou encore les traits de personnalité (Gadbois, 1969). Cependant, les premières idées de métiers viennent surtout de ce qui est perçu dans l’entourage, à l’école, avec la famille et dans les médias notamment. Ces informations, une fois assimilées, deviennent en quelque sorte la plateforme sur laquelle nos recherches d’ISEP sont basées. 

À ce stade, certains jeunes se rendent compte que leur choix de carrière manque de réalisme soit en raison par exemple de leur parcours scolaire, de leur performance scolaire, de limitations personnelles ou de leur incapacité ou manque d’intérêt à poursuivre des études supérieures (quand le choix de carrière implique de telles études). Dans son étude auprès de jeunes inscrits au 2e cycle du secondaire au Québec, Saysset (2005) note que la poursuite des études est influencée par les goûts (42,8 %), les talents (34,6 %) et les résultats scolaires (22,6 %). Ces conclusions mettent d’abord en évidence l’importance que les jeunes accordent à leurs intérêts en réalisant un choix de carrière tout en soulignant l’importance de facteurs de réalité que sont les aptitudes et le rendement scolaire. Dans cette perspective, le jeune peut ainsi réaliser dans certains cas que ses intérêts ne sont pas suffisants pour l’amener vers la carrière désirée : ici, un sentiment de désespoir, un manque de confiance ou la perte de l’estime de soi est alors possible. 

Heureusement, quand le choix de devenir médecin, infirmière, ingénieur en génie mécanique, psychologue ou architecte par exemple n’est plus accessible, il existe des alternatives car plusieurs ressources permettent d’aller explorer des professions ou des métiers semblables. C’est à ce moment qu’un jeune peut grandement profiter des services de personnes professionnelles en orientation et des ressources en ISEP pour identifier des alternatives tout en respectant le plus possible ses intérêts afin de viser un compromis noble.  

Parmi les outils disponibles, on retrouve le site REPÈRES. Ce dernier propose une plateforme de recherche en ISEP adaptée au marché du travail et aux programmes de formation au Québec. La recherche d’une profession par mot clé nous permet de trouver la fiche de la profession souhaitée. Une fois rendu sur cette page, il est alors possible pour les utilisateurs de consulter plusieurs catégories d’informations liées au métier choisi, telles que « Tâches », « Conditions de travail », « Caractéristiques professionnelles », « Formation/qualification » ou encore « Professions apparentées ». 

Prenons par exemple le domaine de la santé et plus spécifiquement la profession d’infirmière ou d’infirmier. Comme mentionné plus haut, le choix peut souvent être fait à partir d’un intérêt, sans considérer les préalables. À l’aide de la section « Formation » dans la fiche de la profession d’infirmière ou d’infirmier dans REPÈRES, on observe que cette profession nécessite une technique collégiale en soins infirmiers. En cliquant sur cette formation, nous remarquons que cela implique à ce jour des cours en sciences : Science et technologie de l’environnement, 4e secondaire ou Science et environnement, 4e secondaire et Chimie, 5e secondaire. Pour la personne qui n’a pas une moyenne scolaire suffisamment compétitive ou les préalables en science, mais qui a toujours un intérêt pour cette profession, il s’avère important de considérer les alternatives suggérées dans l’onglet « Professions apparentées ». La personne peut donc explorer la formation professionnelle au secondaire qui offre des programmes d’études donnant accès aux diplômes d’études professionnelles d’infirmière ou infirmier auxiliaire ou de préposé aux bénéficiaires, deux alternatives intéressantes qui permettent d’effectuer plusieurs tâches semblables à celles de la profession d’infirmière ou d’infirmier. En outre, pour la personne qui s’intéresse au domaine de la santé, qui a les préalables en science, mais qui souhaite exercer une profession où elle pourra ressentir davantage d’adrénaline et être dans l’action, elle pourrait s’informer davantage sur le métier de technicien ambulancier paramédic dans la même liste de professions apparentées. Il importe de souligner ici que même quand la personne possède tous les préalables pour la technique en soins infirmiers, explorer les professions apparentées peut s’avérer un exercice pertinent. En effet, cette exploration peut soit l’aider à confirmer son choix de formation (en comparant les tâches des professions par exemple), soit lui ouvrir de nouvelles perspectives (s’apercevoir que les tâches de technicien ambulancier lui conviennent davantage par exemple). Dans tous les cas, l’objectif premier étant d’accompagner la personne à effectuer un choix de carrière le plus éclairé et congruent possible, gage d’une future carrière souvent épanouie. 

Un deuxième exemple est celui d’ingénieur en mécanique. On observe que cette profession nécessite une formation de premier cycle universitaire en génie électromécanique, industriel ou mécanique. Si pour une raison ou une autre la formation universitaire n’est pas accessible, la personne peut explorer une des professions apparentées. C’est ici que la personne constatera qu’elle pourrait faire le choix de suivre une technique au collégial pour devenir technicien en design industriel ou en génie industriel; deux professions qui partagent plusieurs tâches avec celles d’ingénieur en mécanique. De plus, si la personne est intéressée par la formation professionnelle au secondaire, cette dernière propose le programme menant au diplôme d’études professionnelles en techniques d’usinage.

Il se peut ici que la personne manifeste une certaine résistance à considérer des formations professionnelles de niveau secondaire ou collégial car elle n’a en tête que la profession d’ingénieur en mécanique (pour des raisons de salaire ou de prestige associé à la profession par exemple). Dans ce cas de figure, en fonction bien entendu des facteurs de réalité qui peuvent empêcher la personne d’envisager pour le moment cette profession, la personne professionnelle en orientation peut lui proposer de considérer ces alternatives au secondaire et au collégial comme autant d’étapes intermédiaires de validation de son choix de carrière. Ainsi, ces formations professionnelles pourraient constituer autant d’expériences vocationnelles pour aider la personne à confirmer son choix de devenir ingénieur étant donné les similitudes entre les tâches. Cette perspective offre une triple sécurité pour la personne : premièrement, cela lui permet de confirmer, au terme de chaque formation, si elle aime toujours autant ce domaine d’études. Deuxièmement, au fur et à mesure de son parcours scolaire jusqu’au baccalauréat, elle consolide ses compétences et augmente ainsi son sentiment d’efficacité personnelle. Enfin, au terme du DEP ou de la technique, elle peut décider de ne pas poursuivre jusqu’au baccalauréat en ayant toutefois en main une formation spécialisée – plutôt que d’avoir opté pour un parcours « misant tout » sur le baccalauréat (DES et DEC pré-universitaire). Enfin, en raison des possibilités actuelles de passerelles (DEP-DEC ou DEC-BAC), la personne ne serait pas nécessairement obligée de compléter la durée totale des programmes menant au DEP, à la technique collégiale et au baccalauréat en génie mécanique. Retenons donc ici que le système scolaire québécois offre plusieurs possibilités et le fait de pouvoir compter sur le « duo » REPÈRES et personne professionnelle en orientation peut faire une grande différence quand vient le temps de prendre une des décisions les plus importantes de la vie, celle d’effectuer un choix de carrière.

Ainsi, une des difficultés rencontrées par les personnes professionnelles de l’orientation en milieu scolaire est de s’assurer que le choix de carrière d’un jeune corresponde le plus possible à ses intérêts, ses aptitudes et ses valeurs. En fin de compte, l’objectif est d’aimer son métier et d’avoir du succès. Avec un marché du travail qui est en constante évolution et le nombre important de nouveaux métiers qui sont créés chaque année, il est nécessaire de prendre le temps de bien explorer les métiers et les options disponibles. REPÈRES offre donc une multitude d’informations qui permettent aux personnes en situation de faire un choix de carrière d’amorcer une recherche à partir d’un élément connu et de se diriger vers des options réalistes et convenables tout en respectant leur choix de base. 

Références

Gadbois, C. (1969). Choix professionnel et conception de soi. L’année psychologique, 69(2), 599-614.

Saysset, V. (2005). Regard sur la formation professionnelle : une enquête auprès d’élèves du deuxième cycle du secondaire. Québec : Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Document téléaccessible à l’adresse <http://www.education.gouv.qc.ca/fileadmin/site_web/documents/dpse/REG ARDFP_44289.pdf>.

  • Thomas Critchley est conseiller d’orientation en milieu scolaire. Il œuvre principalement auprès de jeunes dans le réseau des écoles innovatrices de la Commission scolaire English-Montréal. Il s’intéresse surtout à la formation professionnelle au secondaire et au rôle des représentations de la formation professionnelle sur le choix de carrière de jeunes adultes.