Afin d'en apprendre davantage sur la médecine traditionnelle chinoise, nous avons rencontré Julie Talbot, acupunctrice, à sa clinique de Québec. Cette rencontre nous a permis de découvrir différents aspects de cette profession souvent méconnue.
Dans un premier temps, je me suis intéressée à l’architecture et aux communications, mais je n’ai pas trouvé de profession qui me passionnait dans ces domaines. En effectuant une recherche, j’ai découvert la formation en acupuncture. Le positionnement des aiguilles et leurs effets bénéfiques sur le corps me fascinaient. Alors, après un moment de réflexion, j’ai décidé de faire une demande d’admission dans ce programme contingenté, mais je n’ai malheureusement pas été acceptée. À la suite de ce refus, j’ai discuté avec la directrice du programme qui m’a conseillé de faire une formation en soins infirmiers afin d’acquérir certaines notions de biologie et d’anatomie avant de refaire une demande en acupuncture. Je suis donc devenue infirmière. J’ai travaillé pendant un an à l’hôpital avant d’être acceptée dans le programme d’acupuncture et de compléter mes études dans ce domaine.
Mes journées sont bien remplies et le rythme de travail est soutenu! J’arrive le matin avant mes patients pour préparer mes deux salles de soins. Quand le patient se présente, je révise son dossier, je l’accueille, je l’installe sur une table et je lui mets de la chaleur aux pieds. Je procède par la suite à l’installation des aiguilles en fonction de la problématique à traiter. Pendant que les aiguilles font leur effet, je me rends dans la seconde salle pour m’occuper d’un autre patient. C’est un roulement continuel tout au long de la journée. Mes rendez-vous sont aux demi-heures. Je vois donc beaucoup de personnes en une journée. Chaque patient répond à un questionnaire sur son bilan de santé lors de son premier traitement. Les réponses à ce questionnaire et ma discussion avec le patient me permettent de situer le déséquilibre énergétique et de faire le traitement en conséquence. J’ai des millions de «recettes» dans ma tête et je travaille sur des points précis du corps selon ce que je veux traiter. Bien qu’il y ait 360 points d’acupuncture au total, je travaille quotidiennement avec environ 180 points qui sont plus dominants et qui fonctionnent bien. En fait, poser les aiguilles sur les points d’acupuncture est une technique qu’on apprend, mais c’est l’analyse et la réflexion derrière cette action qui est l’essence même du travail.
Parmi les éléments que je préfère, il y a sans contredit le fait de pouvoir constater la puissance des aiguilles sur le corps, qui permettent aux personnes que je traite de recouvrer la santé sans avoir à utiliser de médicaments. C’est un élément fascinant que je suis à même d'observer tous les jours.
J'aime aussi beaucoup le contact humain que j’ai avec mes patients. Je me considère privilégiée puisqu’ils se confient beaucoup à moi. Il faut faire preuve d’empathie tout en étant en mesure de garder une distance par rapport aux problématiques vécues par les autres.
L’aspect administratif lié au fait que je suis travailleuse autonome est celui que j’aime le moins dans mon travail. Les tâches telles que la gestion des rendez-vous, des retours d’appels, des courriels, des réseaux sociaux ainsi que la comptabilité sont donc moins attrayantes pour moi.
Après 15 ans de pratique, je constate que le public a une meilleure connaissance de la profession que par le passé. Le fait d’avoir un ordre professionnel aide la profession à être davantage reconnue. Par contre, les gens ne sont pas encore en mesure d’identifier tous les bienfaits possibles de l’acupuncture. Pour ma part, je traite, entre autres, les problèmes de médecine interne, de fertilité, d’anxiété, de troubles du sommeil, de douleurs musculosquelettiques et plus encore. Je peux même faire tourner un bébé dans le ventre d’une femme enceinte qui arrive au terme de sa grossesse! Et pour obtenir ces résultats, il n’y a pas seulement les aiguilles qui sont utilisées. Par exemple, j’ai un laser pour stimuler les points d’acupuncture à l’aide d’un influx nerveux lumineux, un rouleau qui me permet de travailler sur des zones plus larges du corps et des ventouses. Nous utilisons également la moxibustion, qui est effectuée à l’aide d’un petit cigare d’armoise qui permet de réchauffer les zones à traiter et/ou des points d’acupuncture.
Pour travailler en acupuncture, il faut aimer prendre soin des gens, les écouter et leur donner des conseils. Il faut également s’attendre à travailler souvent individuellement sauf dans les cliniques multidisciplinaires où nous collaborons avec des physiothérapeutes, des ostéopathes et des massothérapeutes. Il est également essentiel d’avoir une certaine dextérité et d’être à l’aise avec la proximité que nous avons avec les gens. Finalement, il faut être curieux et aimer se perfectionner afin d’être en constante recherche d’une meilleure compréhension du corps humain. On dit dans le métier qu’il faut avoir l’esprit au bout de l’aiguille!