De nos jours, les animaux de compagnie occupent une place bien importante dans la vie de plusieurs personnes. Que ce soit un chien, un chat ou encore un furet, le choix d'adopter un animal est une décision qui doit être réfléchie car elle représente un engagement et une responsabilité à long terme. Nous avons eu la chance de nous entretenir avec Maude Imbeault qui veille à prodiguer les soins de santé aux animaux en tant que vétérinaire.
J’ai grandi dans un milieu rural en Gaspésie où les animaux étaient toujours présents. Mon père possédait un élevage de chiens de traîneaux et le chenil que nous avions comptait environ une trentaine de chiens. Dès mon jeune âge, j’ai dû m’occuper des animaux pour aider mes parents, car nous possédions également des poules et des lapins et, parfois, j’ai été témoin de certaines situations difficiles lorsqu’ils avaient besoin de soins. Un jour, j’ai trouvé un chaton qui avait probablement la patte cassée parce qu’il marchait difficilement. À cet instant précis, j’ai été envahie par un sentiment d’impuissance. J’aurais tellement voulu faire quelque chose pour l’aider ! Ça a été un moment décisif pour moi. J’ai su, dès cet instant, que j’allais devenir vétérinaire. Par la suite, j’ai tout mis en œuvre pour atteindre ce but. J’ai terminé mes études universitaires en médecine vétérinaire en 2004 et cela fait maintenant 17 ans que je pratique dans le domaine. Au départ, j’ai travaillé comme employée d’un autre vétérinaire qui possédait quelques cliniques. Par la suite, j’ai acheté deux de ses établissements. Je travaille à mon compte depuis maintenant 13 ans.
Un vétérinaire de famille, comme moi, va habituellement partager son temps entre la médecine et la chirurgie. Pendant une partie de la semaine, je rencontre les clients lors de rendez-vous et je vois, par la même occasion, mes patients pour différentes raisons telles qu’effectuer la vaccination, faire des bilans annuels ou pour examiner des animaux qui sont malades. L’autre partie du travail consiste à faire des chirurgies. J'effectue fréquemment des stérilisations et des castrations, en plus de prendre en charge des situations nécessitant une opération urgente. Par exemple, je peux enlever une pierre dans la vessie d’un chat ou retirer un corps étranger de l’estomac d’un chien qui a mangé un morceau de vêtement.
Vu que nos patients ne peuvent pas nous expliquer ce qu’ils vivent, je dois faire un véritable travail d’enquête pour trouver des solutions aux problèmes qui se présentent. Je dois chercher des indices, collecter de l’information en questionnant le propriétaire de l’animal et procéder à l’examen complet de ce dernier. Pour ce faire, je fais la palpation des organes et des ganglions, j’ausculte le cœur et les poumons, je vérifie les signes vitaux, etc. Je peux également effectuer divers tests tels que des analyses sanguines, d’urine ou de selles, des radiographies, des échographies et même faire une laparotomie exploratrice pour prendre une biopsie dans l’abdomen. Peu importe les situations, tous les vétérinaires se doivent de remplir le dossier médical après chaque consultation. Nous y notons tout ce que le client nous a décrit comme symptômes, l’examen physique effectué sur notre patient, les hypothèses diagnostiques que nous émettons, notre plan d’intervention, l’information transmise au client, etc. C’est une tâche très importante, car cela nous permet d’avoir un bon suivi médical et c’est également une protection pour nous du côté légal.
Après de nombreuses années dans ce domaine, je peux encore dire aujourd’hui que j’adore le contact avec les animaux. Par exemple, voir un chien arriver à la clinique qui se précipite pour me faire un câlin malgré le stress qu’il vit, c’est un bonheur chaque fois. Côtoyer les animaux au quotidien est vraiment ce qui me procure le plus de plaisir. De plus, c’est tellement gratifiant de réussir à faire des petits miracles et à sauver une vie animale. Lorsque cela se produit, les clients me témoignent beaucoup de reconnaissance.
Quant à l’aspect le plus difficile de la profession, il concerne le fait que nos patients ne peuvent pas décider pour eux-mêmes. En ce sens, nous avons à vivre une réalité semblable à celle des médecins spécialistes en pédiatrie qui soignent des enfants. Pour réussir à découvrir la source d’un problème, nous devons gagner la confiance du client parce que, si nous ne réussissons pas à établir une bonne communication avec la personne, nous serons incapables de soigner notre patient. Les gens se sentent très dépourvus quand leur animal est malade et, en plus de vivre ces émotions, ils doivent gérer une composante financière. Il est primordial de bien expliquer notre démarche, d’informer le client sur les raisons pour lesquelles nous proposons certains tests et pourquoi la facture s’élève à un certain montant. Parfois, il y a des décisions très difficiles à prendre pour le client, soit parce que soigner l’animal est trop onéreux pour ses moyens ou parce qu’il est trop malade pour être guéri.
L’image de la profession est souvent idéalisée, car les gens s’imaginent que nous caressons des chats et des chiens toute la journée. Ils ne se rendent pas toujours compte à quel point la charge émotive peut être lourde lorsque, par exemple, nous faisons une euthanasie. Nous avons un rôle d’accompagnement envers le client qui vit une situation de deuil. De plus, lorsque nous constatons que la raison ne justifie pas de mettre à mort notre patient, nous avons le droit de refuser. C’est le cas lorsqu’un client, par exemple, déménage dans un endroit où les animaux sont interdits ou qu’il vit une séparation et qu’il veut se départir de son animal. Je refuse l’euthanasie dans ce genre de situation, car l’animal a encore la possibilité d’être adopté par quelqu’un d’autre et de vivre une vie heureuse.
De nos jours, le niveau de médecine vétérinaire ressemble beaucoup aux soins disponibles pour les humains. Si un client souhaite que son animal bénéficie, par exemple, de chimiothérapie parce qu’il a un cancer, d’une chirurgie orthopédique parce qu’il s’est blessé, de dialyse parce qu’il a des problèmes de reins, c’est possible. Il y a des médecins vétérinaires qui se spécialisent dans différents domaines afin de devenir des chirurgiens, des ophtalmologistes, des dermatologues, des oncologues, etc. Bien que les vétérinaires de petits et de grands animaux soient les plus connus, il y a également d’autres possibilités de travail. Certains sont employés par le gouvernement afin de gérer, par exemple, l'exportation et l'importation d'animaux, de veiller à la salubrité des viandes et d’effectuer la surveillance des épidémies, alors que d’autres peuvent travailler dans des laboratoires où ils font, entre autres choses, des analyses de cellules ou de tumeurs au microscope, à la demande d’un vétérinaire en clinique qui cherche à identifier le type de cancer dont souffre l’animal qu’il a eu en consultation.
Pour être heureux en pratique générale, il faut aimer autant les contacts humains que les contacts avec les animaux. Lorsque je discute avec des amis qui travaillent dans le domaine de la restauration ou de la vente, je constate des similitudes avec mon travail, car nous faisons tous du service à la clientèle. Être vétérinaire signifie également avoir beaucoup de responsabilités, car nous avons des vies animales entre les mains. Il faut donc être capable de prendre la pression et de gérer le stress. Le domaine médical implique une certaine curiosité scientifique. La personne doit aimer apprendre, car les savoirs sont en constante évolution. Ce qui était vrai il y a dix ans, ne l’est plus nécessairement aujourd’hui, alors nous devons continuellement nous tenir à jour dans nos connaissances. Finalement, il est essentiel d’être attiré par la résolution de problèmes parce que nous cherchons constamment des indices afin de trouver des solutions. Je conseille vivement à une personne intéressée par cette profession de prendre contact avec une clinique pour aller voir directement ce qu’est la réalité d’un vétérinaire et confirmer que ça correspond à l’idée qu’elle s’en fait.