Certaines professions du droit sont souvent mises en lumière vu la nature de leurs tâches. Lorsqu'on pense à un avocat, nous l'imaginons facilement faire sa plaidoirie devant un juge. Cependant, bien avant d'en arriver à cette étape, il aura collaboré étroitement avec un technicien juridique qui l'aura épaulé dans toutes les étapes de son dossier. Vanessa Blais nous parle de ce métier aux multiples possibilités et de l'impact qu'elle peut avoir au quotidien grâce à ses connaissances juridiques.
J’ai toujours eu un intérêt pour le domaine du droit et, au départ, je voulais devenir avocate. Lors d’une rencontre avec un conseiller d’orientation, à la fin de mes études secondaires, j’ai pris la décision de me diriger vers les sciences humaines au cégep dans le but de me permettre de poursuivre mes études à l’université. Cependant, après avoir terminé une session dans le programme de sciences humaines, j’avais le désir d’apprendre des notions concrètes en lien avec le droit plus rapidement. Je me suis donc inscrite en techniques juridiques, et je suis diplômée depuis quatre années maintenant. Le fait d’apporter ma contribution au système de justice était l’une de mes principales motivations; je ne voulais pas attendre d’être à l’université pour entrer dans le vif du sujet. J’ai constaté à ce moment que je n’avais pas nécessairement besoin de porter le titre d’avocate pour changer les choses dans la vie des gens. Je ne sais pas si je le deviendrai un jour car, pour le moment, le poste que j’occupe au cabinet Verreau Dufresne Avocats me comble en tous points.
Que nous travaillions avec des notaires ou des avocats, notre mandat consiste à apporter un soutien aux professionnels en place. En ce sens, nous formons une équipe avec les avocats ou les notaires afin que les dossiers soient complets et, surtout, élaborés selon les procédures officielles. Les journées sont bien différentes en regard du type de bureau dans lequel nous travaillons. Dans le domaine notarial, notre implication dans les dossiers a souvent trait à la vente de maisons, aux hypothèques qui y sont liées, aux mandats d’inaptitude, aux testaments, etc. Nous pouvons alors faire différentes recherches pour nous assurer qu’une maison en vente est libre d’hypothèque avant l’achat, prendre contact avec la banque pour connaître le solde hypothécaire du vendeur afin que le notaire puisse procéder à la quittance, rédiger le projet de la nouvelle hypothèque qui pourra être finalisé par le notaire, etc.
Dans un bureau d’avocats, chaque dossier est différent, car il n’y a jamais deux personnes qui vivent exactement la même situation. De plus, les façons de faire varient également en regard du type de Cour (Cour du Québec, Cour Supérieure, Cour d’Appel et Cour Suprême) touchée par l’affaire relative au dossier puisque chacune d’entre elles ont leurs propres directives à suivre. Au cabinet où je travaille, je collabore étroitement avec quatre avocats dans toutes les étapes de leurs dossiers. Je peux, entres autres choses, rédiger une mise en demeure pour un recouvrement d’argent, préparer une demande introductive d’instance pour vices cachés, effectuer des recherches dans la jurisprudence ou au registre foncier, préparer un dossier qui servira à l’avocat pour sa représentation à la Cour et m’occuper des correspondances avec l’autre partie afin de s’entendre sur le protocole à suivre. J’ai également une main mise sur tous les délais, car chaque étape d’un dossier nécessite un suivi très serré. Que ce soit le délai d’attente pour obtenir une réponse de l’autre partie ou celui requis pour déposer une demande à la Cour, tout est régi dans le temps. Je joins parfois directement les clients en veillant toutefois à ce que mes communications soit exemptes de conseils juridiques, car cette activité est réservée aux avocats, tout comme les représentations à la Cour. Par mon titre de fonction, je suis autorisée, par exemple, à leur transmettre des documents, à demander un suivi, à leur parler au téléphone, sans toutefois discuter de l’avancement de leur dossier ou des stratégies utilisées par l’avocat.
J’adore gérer les délais. Je fais moi-même les calculs requis pour chaque étape, et ce, pour tous les dossiers simultanément. C’est une tâche très importante car, si l’on dépasse la date limite du délai de rigueur dans un dossier sans s’en rendre compte, cela peut faire perdre une cause à un client au tribunal. Il y a une multitude de détails à prendre en compte pour effectuer ces calculs et s’assurer d’accorder le bon nombre de jours ou de mois à partir du jour de l’événement. Je tiens un registre afin que nous puissions respecter toutes les échéances. Les avocats ont tellement de choses à gérer que le fait d’avoir une technicienne, comme moi, capable de leur dire, par exemple, qu’ils devront poser telle action dans un dossier d’ici deux semaines, est bien avantageux pour eux. J’adore pouvoir les aider le plus possible dans leur travail, mais c’est parfois difficile, car je dois gérer les priorités. Il peut arriver que plusieurs avocats prennent contact avec moi en même temps et qu’ils attendent une réponse de ma part au sujet d’une information qu’ils veulent que je vérifie ou, encore, qu’ils aient besoin que j’accomplisse une tâche pour eux rapidement. Par exemple, lorsque je dois faire une recherche dans la jurisprudence ou au registre foncier, je ne sais pas toujours à l’avance le temps que cela va nécessiter. Si une maison a été vendue plus de dix fois et que j’aie à sortir la chaîne complète des titres pour qu’un avocat ou un notaire puisse la consulter, ce sera certainement plus long à effectuer.
Cette profession n’existait pas vraiment il y a vingt ans, et les gens ont du mal à la différencier du métier de secrétaire juridique ou encore d’adjoint administratif. Le programme de techniques juridiques nous amène à développer un raisonnement juridique, nous fait connaître les différentes procédures et nous permet de maîtriser les diverses méthodes de recherche d’information dans la jurisprudence, au registre foncier ou dans toute autre source officielle. Lorsque je mentionne, par exemple, que je travaille sur une procédure et que je m’assure qu’elle est conforme afin que l’on puisse la déposer en Cour d’appel, les gens sont surpris de constater à quel point je peux m’impliquer dans les dossiers et avoir de l’impact. Bien que mon emploi nécessite d’accomplir certaines tâches administratives comme des appels ou certaines communications, j’ai des connaissances juridiques qui me permettent d’être vraiment le bras droit de l’avocat. L’aspect juridique est présent dans mes tâches à plus de 90 % de mon temps.
Il est important de bien analyser les offres d’emploi pour cibler ce qui nous intéresse vraiment car, d’un bureau à l’autre, les postes de techniciens juridiques peuvent être très différents. La formation ouvre beaucoup de portes. Il est possible, notamment, de devenir greffier-audiencier ou de se spécialiser par la suite afin d'être huissier de justice. Peu importe le milieu de travail, il est nécessaire d’avoir la capacité de bien gérer ce que nous avons à faire pour soutenir efficacement les professionnels dans les dossiers à traiter. Il ne faut laisser passer aucun détail. Nous avons la possibilité de leur apporter un si beau soutien que cela procure, par le fait même, un soutien aux clients dans les situations qui se présentent à eux. De plus, il est vraiment important de tenir ses connaissances à jour, car les procédures peuvent changer rapidement. Nous devons, par exemple, être au fait d’un nouveau projet de loi qui a été adopté par le gouvernement ou savoir si le délai d’une procédure a été modifié, car cela aura un impact sur les dossiers en processus. Dans le domaine du droit, il faut également avoir le désir de connaître et comprendre les raisons derrières les choses. C’est pourquoi je suggère à quelqu’un qui est attiré par ce domaine de ne pas avoir peur de joindre directement un bureau d’avocat ou de notaire pour avoir une idée de comment les choses se déroulent sur le terrain.