Que ce soit lors de l'achat, la vente, la division d'une propriété ou lors de la construction de nouveaux aménagements ou même lors de conflits entre voisins, l'arpenteur-géomètre est le professionnel à contacter pour s'assurer du respect des limites des terrains, des contraintes existantes et de la réglementation. En tant qu'arpenteur-géomètre, Vincent Villeneuve est responsable de la mesure des propriétés foncières avec objectivité en s'appuyant sur ses connaissances et les données récoltées. Il nous partage son parcours l'ayant mené à cette profession ainsi que des aspects moins connus de celle-ci.
Je me souviens qu’en 2e secondaire, notre enseignant de géographie nous avait donné comme devoir de faire une carte de l’entièreté du terrain de notre école secondaire, à l'aide d’un long ruban de 30 mètres. La carte produite devait représenter tous les pavillons, les installations sportives et autres éléments sur le terrain. J’ai eu une note parfaite pour mon travail et l’enseignant a même souligné en classe que c’était la première fois qu’un élève n’omettait aucun détail et rendait un travail avec une telle précision. Cette expérience a fait en sorte que j’ai eu un grand intérêt pour la géographie. Au niveau collégial, j'ai fait le choix d’aller vers les sciences avec un diplôme d’études collégiales en sciences de la nature. Mon domaine d’intérêt au collégial était surtout les mathématiques, donc j’ai poursuivi avec un baccalauréat dans cette matière. Comme les mathématiques sont une matière assez abstraite sur les possibilités professionnelles, j’ai combiné mon baccalauréat avec des cours en économie pour en faire un baccalauréat multidisciplinaire dans les deux domaines. J’avais donc une formation qui combinait deux domaines d’intérêt pour moi, mais dont je ne voyais pas trop les carrières possibles à l’extérieur du milieu de la recherche et de l’enseignement. Par une conversation avec mon oncle, lui-même enseignant en urbanisme à l’Université Laval, j’ai découvert le domaine de la géomatique et j’ai décidé de faire un deuxième baccalauréat en sciences géomatiques. Cette formation mène vers le titre professionnel d’arpenteur-géomètre une fois les évaluations de l’Ordre des Arpenteurs-Géomètres du Québec réussies. J’ai aussi complété mon titre par une certification d’Arpenteur des Terres du Canada, qui permet au détenteur d’effectuer de l'arpentage sur des terres du Canada et non seulement sur les terres provinciales du Québec. Je n’ai pas à utiliser ces droits dans le cadre de mon emploi actuel, mais c’est un acquis qui pourrait me servir.
Les journées sont variables, surtout en raison du statut que l’on occupe dans la carrière. Habituellement en début de carrière, l’arpenteur-géomètre est appelé fréquemment à travailler sur le terrain, donc sur les sites pour des prises de mesures qu’on appelle des levés. En cours de carrière, les tâches changent, on est appelé plus souvent à faire du dessin et du calcul. Après, c’est selon les besoins de l’entreprise que l’arpenteur-géomètre fait varier ses tâches, allant des mesures sur le terrain à la rédaction de documents officiels. Les journées peuvent être prévisibles, avec des tâches planifiées, mais les priorités peuvent changer et faire varier la planification. Souvent, je commence par distribuer des tâches aux équipes sur le terrain qui vont faire les levés. Ensuite, je traite, à l’aide de logiciels, les données acquises par les équipes dans les journées précédentes et je travaille ces données dans un logiciel de dessin. Ce traitement va me permettre de faire de l’analyse foncière, qui consiste en une analyse des limites des propriétés en tenant compte de tous les éléments sur le terrain et des documents légaux. Je peux aussi faire une grande variété de tâches comme des opérations cadastrales, des descriptions techniques et des certificats de piquetages entre autres.
Je travaille au quotidien en collaboration avec beaucoup de corps de métiers, soit des arpenteurs, des recherchistes, des notaires, des avocats, des ingénieurs, des architectes, des architectes-paysagistes, des évaluateurs, des propriétaires privés, des gestionnaires immobiliers, des surintendants de chantier et d’autres arpenteurs-géomètres.
Nos horaires de travail sont souvent relatifs à ceux des entreprises du secteur de la construction. Aussi, il est possible d’être appelé à travailler dans des milieux aux conditions particulières, comme lorsque j’ai fait des relevés pour la localisation de conduites en tréfonds, le travail était exécuté en espace clos, avec de l’humidité et sans ventilation.
La plus grande fierté se trouve dans le sentiment d’avoir aidé un client grâce à mon expertise. Le travail bien accompli procure aussi beaucoup de reconnaissance des clients et du milieu, ce qui nous apporte une grande fierté. Bien des situations, des projets et des réalisations dépendent du travail qui sera accompli par l’arpenteur-géomètre. Ce professionnel se doit de soumettre ses documents fait avec intégrité et avec une précision accrue et il en est responsable non seulement aujourd’hui, mais aussi pour tous les besoins à venir dans le futur.
À l’occasion de la prise d’information par les nouveaux clients qui nous approchent, le travail peut-être plus redondant car nous devons transmettre d’une façon pédagogique toutes les informations utiles. Un des défis du métier est lorsque l’on effectue des travaux de levés sur le terrain en période de grands froids. L’hiver en général, les manipulations, les déplacements et tout le travail sur le terrain est plus complexe, car on doit chercher les stations sous la neige et les espaces ne sont pas toujours accessibles donc tout le travail est plus long, mais se doit d’être aussi précis.
C’est un milieu assez conservateur dans ses méthodes par exemple pour la production de plans et de rapports car ceux-ci sont étroitement liés aux lois et à la réglementation en vigueur. C’est quand même Samuel de Champlain qui a le matricule #1 de l’Ordre des Arpenteurs-Géomètres du Québec. Mais ce qui a beaucoup changé depuis que j’ai commencé il y a 15 ans, ce sont les innovations technologiques. Dans le passé, il fallait être au moins 2 ou 3 personnes sur le terrain pour manipuler les stations totales et les prismes pour aller prendre des mesures. Maintenant, il y a les stations robotisées qui permettent d’être seul pour accomplir l'ensemble des tâches. Aussi nous utilisons la télédétection ainsi que des lidars aéroportés sur des drones ce qui nous permet de prendre de nouvelles mesures. Il y a aussi le greffe, dépôt de l’ensemble des minutes (documents originaux produits par les arpenteurs-géomètres), qui est devenu presque entièrement numérique, ce qui change la conservation de nos documents. La notion de copropriété qui s’est popularisée dans le domaine de la construction et qui requiert que les arpenteurs-géomètres réalisent des calculs de cadastre vertical, en hauteur, ajoute aussi en défi technique à notre travail.
Le programme de baccalauréat en sciences géomatiques est un programme qui donne accès directement au titre professionnel d’arpenteur-géomètre, sous réserve de la réussite des examens de l’Ordre des Arpenteurs-Géomètres du Québec. C’est une profession où il y a une grande demande et où les conditions de travail et le salaire sont très intéressants. C’est un domaine qui rallie l'informatique et les mathématiques avec le droit légal et la géographie. Il faut avoir un esprit d’analyse, aimer le travail d’équipe et avoir le souci du détail. Il est aussi possible que la carrière corresponde à des personnalités qui se voient en charge de projets ou être propriétaires d’entreprise. Les professions d’arpenteur ou de technicien dessinateur sont accessibles par une formation de niveau secondaire ou collégiale, mais celle d’arpenteur-géomètre requiert une plus grande capacité d’analyse, une capacité de conseil et un intérêt marqué pour le droit immobilier. Il est aussi possible de réussir un diplôme d’études collégiales, par exemple en technologie de la géomatique ou en urbanisme, puis de s’inscrire au baccalauréat en sciences géomatiques si on veut pousser la carrière encore plus loin dans le même domaine.