Les ingénieurs ont plusieurs domaines de spécialisation, que ce soit en génie civil, mécanique, biomédical ou alimentaire. Mélissa Dufour est une ingénieure électrique spécialisée en télécommunications chez Bell Canada. Elle nous présente son parcours et les réalités de son travail.
Depuis les études secondaires, j’ai un intérêt pour les sciences et je suis curieuse. Au cégep, c’était naturel pour moi de continuer en sciences, vers un programme général qui me permettait d’aller à l’université. À ce moment, je ne savais pas trop ce que j’allais faire comme carrière. Ma sœur ainée étant en droit et moi, ayant des aptitudes pour défendre le bien face au mal, le droit est un univers qui m’intéressait. Plusieurs de mes amis au cégep avaient choisi de poursuivre en ingénierie à l’université, notamment à l’Université de Sherbrooke dans un programme en formule coop. Ma sœur connaissait aussi des gens du domaine de l’ingénierie et m’avait signifié qu’elle m’y voyait bien. À l’occasion, des visites des campus universitaires, j’ai exploré ceux de droit et de génie. C’est à ce moment que j’ai compris qu’en poursuivant en génie je pourrais continuer à approfondir les sciences. J’ai été accepté autant en droit qu’en génie, mais j’ai choisi le génie, car je ne me voyais pas ne plus apprendre les sciences, et j'avais envie de les appliquer.
Le baccalauréat en génie électrique est varié, car on y aborde la chimie, la physique, la mécanique, l’informatique. Personnellement, je me suis concentrée sur les systèmes de communication, l’électronique et l’informatique. À la fin du baccalauréat, on a tous les outils pour commencer une carrière et apprendre le métier au jour le jour. Mon programme comportait plusieurs stages, ce qui fait qu’à la fin on a déjà plus d’une année d’expérience concrète, avec des ingénieurs, sur notre curriculum vitæ. Les stages permettent aussi de savoir très tôt dans notre formation si le métier répond à nos attentes et si ce choix de formation est bien pour nous. J’ai eu la chance d’avoir mon premier emploi auprès d’une entreprise où j’avais effectué un de mes stages. Maintenant, ma carrière a progressé et je suis gestionnaire, donc un peu plus éloignée des tâches d’ingénieure, mais toujours dans le quotidien des ingénieurs pour les soutenir dans leurs fonctions.
J’ai occupé plusieurs fonctions différentes dans ma carrière. J’ai, par exemple, fait du travail en laboratoire, à la rédaction de plan de tests et la réalisation de tets en bancs d’essai afin de savoir si les fabricants respectaient les standards de l’industrie des télécommunications. J’ai aussi travaillé avec le CRTC pour mettre en lumière les droits et les limites en télécommunication. Ensuite, je me suis concentrée sur les responsabilités d’architecture de réseau à la recherche des meilleures solutions possibles pour répondre aux clientèles. Derrière ces fonctions, les ingénieurs veillent à améliorer les processus afin de les alléger tout en répondant aux besoins.
Comme nous sommes des professionnels qui organisons nos mandats, nous planifions notre journée de travail avec beaucoup de flexibilité. Par contre, le travail se fait beaucoup en équipe et avec des partenaires, donc nous devons organiser nos horaires pour rejoindre tout le monde. Le travail est souvent encadré par des budgets spécifiques et des échéanciers définis. Une plus petite portion du travail est aussi en solo, pour la réflexion, la rédaction et la recherche. En fonction de l’expérience et des mandats, il faut dire que c’est beaucoup de travail et que ça peut venir avec une certaine pression. Le travail de l’ingénieur impose aussi une certaine responsabilité, ce qui est choisi, décidé ou planifié, doit respecter les attentes de la clientèle. L’Ordre des ingénieurs du Québec encadre aussi la profession avec la possibilité de faire des audits de travail sur des ingénieurs et avec des exigences en formation continue à respecter.
Il y a plusieurs choses, mais l’évolution constante dans les technologies c’est stimulant. Je dois constamment apprendre.
Tout ce qui concerne le travail d’équipe, la collaboration avec de nouvelles personnes, qui sont parfois même nos compétiteurs! Collaborer en équipe, confronter les idées et partager sur les nouveautés, c’est ce que je préfère.
La pression des échéanciers limite parfois notre exploration, autant dans le temps que dans le budget. En même temps, c’est aussi un aspect qui nous stimule et exige de nous une plus grande créativité. Parfois, il est aussi complexe de vulgariser des principes compliqués à des acteurs qui n’ont pas les mêmes connaissances. Il est plus difficile de s’ajuster à des gens qui ne vont pas autant dans le détail que les ingénieurs ; cela fait aussi en sorte que l’on reste parfois sur notre faim.
L’ingénierie est présente partout et c’est souvent méconnu. Que ce soit dans la construction de routes, de l'appareil à micro-ondes ou du téléphone, il y a toujours un ingénieur derrière. L’industrie de la voiture électrique aussi, qui est en grande expansion, c’est un domaine où l’on retrouve de nombreux ingénieurs électriques. Au fil des années, les possibilités de domaines pour les ingénieurs électriques se multiplient avec les avancées technologiques.
Il faut aussi souligner que c’est une carrière qui s’adresse autant aux femmes qu’aux hommes. Les femmes sont moins représentées, mais nous aimerions qu'elles soient plus nombreuses. Nous avons besoin de tous les types de cerveaux pour réfléchir aux problèmes sous tous les angles. C’est un beau métier aussi pour les femmes et nous y sommes très valorisées. Il faut que les femmes osent aussi faire carrière en ingénierie.
Pour être ingénieur, peu importe la spécialisation, il faut être curieux, aimer faire de la résolution de problèmes et être persévérant. Certains ingénieurs peuvent passer une carrière à développer un nouveau produit et persévérer longtemps. Il faut aimer apprendre par soi-même et s’informer. Le plus important est d’aimer résoudre des problèmes et quand un problème est résolu, d’avoir hâte d’attaquer le suivant!