Les éducateurs spécialisés aident les personnes en difficulté à devenir autonomes et à s'intégrer dans la société. Dominique Careau nous partage avec passion sa vocation et décrit ses journées variées et enrichissantes à La Valise aux merveilles.
J'ai découvert ma vocation en secondaire 4, alors que j'étais confrontée à des choix personnels et influencée par l'expérience de ma sœur, qui travaillait dans le droit et accompagnait des jeunes en difficulté. Son désir de continuer à aider ces jeunes après l'audience m'a touchée profondément. C'était un déclic pour moi : je voulais suivre cette voie, aider et accompagner les humains. Pendant une période tumultueuse de mon adolescence, je me suis retrouvée à devoir choisir entre un chemin facile mais destructeur, ou persévérer seule. J'ai fait le choix d'aider, et j'ai orienté toute ma vie vers cette vocation.
Dans mon quotidien à La Valise aux merveilles, mes journées sont variées. Elles incluent non seulement des tâches administratives, mais aussi de l'intervention directe. Je peux commencer ma journée en contactant des écoles et des garderies pour coordonner des formations, puis continuer avec des rencontres d’accompagnement parental ou avec des jeunes. Ce qui me passionne, c'est d'offrir une réelle écoute et un soutien ciblé. Nous utilisons aussi la zoothérapie pour établir des liens plus profonds avec les clients. La flexibilité est essentielle, car chaque jour est différent, et cela rend ce métier très vivant.
Ce que j'aime le plus, c'est cette incroyable sensation d'avoir un impact sur la vie des gens. Savoir que j'ai pu, ne serait-ce qu'un instant, alléger le poids d'une situation ou offrir des outils qui changent la dynamique familiale, ça n’a pas de prix. Parfois, un simple merci ou un câlin inattendu d'un parent vaut plus que tout! Entendre une phrase comme « Tu as sauvé notre vie » me donne l'impression de semer des graines de changement autour de moi, et chaque petite victoire me rappelle pourquoi j'ai choisi ce chemin.
Le plus grand défi, c'est d'accepter qu'on ne puisse pas sauver tout le monde. C'est frustrant de devoir admettre ses limites. Le soir, il m'arrive de repenser à des situations non résolues, car ce travail s'invite facilement dans ma vie personnelle. La charge émotionnelle est lourde, et il est difficile de décrocher complètement. Heureusement, mes filles sont là pour me ramener dans l'instant présent et me rappeler l'importance de prendre soin de moi.
Les gens pensent souvent que, parce que nous sommes des professionnels de l'aide, nous avons une vie personnelle sans défis et que tout roule à merveille. La réalité est bien différente. Nous aussi, nous éprouvons des difficultés à appliquer nos propres conseils au quotidien. Il est facile de croire que nous sommes immunisés contre les problèmes, mais en réalité, nous faisons face aux mêmes défis que tout le monde. Nous sommes parfois plus exigeants envers nous-mêmes que nous ne le sommes envers nos clients.
Mon parcours a commencé avec des études en intervention en délinquance, car c'était vraiment ma passion initiale. Après une première formation générale, je suis allée au cégep Garneau pour parfaire mes connaissances. Cependant, malgré mon choix initial, j'ai évolué vers l'éducation spécialisée en intégrant le système scolaire, même si mon diplôme n’était pas spécifiquement dans cette discipline. Avec les années, j'ai trouvé ma place et compris que, peu importe la formation exacte, c'est l'expérience et le désir d'aider qui comptent.
Oui, absolument. Travailler dans un environnement scolaire ou communautaire demande une bonne endurance physique et mentale. Dans une école, par exemple, il faut souvent courir après les enfants, intervenir rapidement en cas de crise ou encore gérer le bruit constant. Il faut aussi savoir garder son calme dans des situations stressantes. En zoothérapie ou dans les interventions auprès des jeunes, la patience et la capacité à établir des liens sont essentielles. Il est indispensable d'avoir un équilibre intérieur pour pouvoir soutenir efficacement les autres.
Le métier a beaucoup évolué avec l'apparition de nouvelles approches en neurosciences et de techniques plus inclusives. Cela a changé la manière dont nous intervenons auprès des jeunes. Cependant, il reste des défis à relever, surtout dans le secteur public, où le système est encore rigide et peine à adopter ces nouvelles méthodes. J'ai trouvé dans le secteur privé une plus grande ouverture et une meilleure qualité d'interaction avec les parents, ce qui me permet d'avoir un réel impact.
En travaillant dans le secteur privé, j'ai une grande flexibilité dans mon horaire, ce qui est un énorme avantage. Je peux adapter mes journées en fonction des besoins des clients et des moments où je suis plus productive. En revanche, dans le public, le cadre est plus rigide : on suit le rythme scolaire avec des pauses bien définies, mais aussi une incertitude financière pendant certaines périodes de l'année, comme l'été ou la relâche.
Je dirais à ceux qui souhaitent se lancer dans cette carrière qu'ils doivent se préparer à un métier exigeant, mais incroyablement gratifiant. Il faut apprendre à rester authentique et développer son propre style d'intervention. Écouter son instinct est essentiel. Ce métier demande aussi d'accepter que les résultats prennent du temps. Il ne faut pas se décourager, car chaque petite graine semée peut avoir un impact durable. Enfin, je conseille d'être curieux et ouvert aux nouvelles approches, car cela rendra le parcours encore plus enrichissant.