Source de vie, d'ombre et d'oxygène, les arbres jouent un rôle central dans notre vie. Afin qu'ils puissent se développer en santé et qu'ils ne causent aucun risque pour les personnes et les bâtiments à proximité, nous faisons appel à des arboriculteurs-élagueurs. David Jaramillo nous a entretenu sur son travail qui lui offre une perspective naturelle en milieu urbain, en plus d'une bonne dose d'adrénaline au quotidien.
C’est en accompagnant des amis qui exerçaient ce métier lors d’un contrat d’élagage que j’ai découvert cette profession. J’ai pu voir concrètement en quoi consistait le métier et cela m’a donné le goût de m’inscrire au diplôme d’études professionnelles (DEP) en Arboriculture-élagage, même si je n’avais jamais tenu de scie mécanique dans mes mains. Pendant ma formation, j’ai davantage développé de l’intérêt pour les tâches, car je suis devenu de plus en plus confiant en mes capacités physiques. J’ai appris les diverses techniques de sécurité et je me suis rappelé qu’enfant, j’adorais m’amuser dans les arbres et marcher sur les toits. Une fois mes études terminées, un de mes professeurs, qui possédait une entreprise dans le domaine, m’a invité à travailler avec lui. Cela m’a permis d’acquérir une certaine expérience sur le terrain avant de fonder ma propre entreprise, Arbre à vie (https://arbreavie.com/). Depuis maintenant 19 ans que j’exerce ce métier, et je souhaite le faire encore bien longtemps.
Le travail s’effectue, de manière générale, en équipe de trois ou quatre personnes. Nous évaluons toujours les dangers potentiels avant de grimper dans un arbre pour couper les branches mortes, malades, nuisibles ou faibles avec une scie mécanique. Au besoin, nous sécurisons les lieux en positionnant des cônes au sol ou des rubans pour délimiter un périmètre de travail et nous préparons le matériel qui sera utilisé. De plus, s’il y a une branche gênante, par exemple, au-dessus d’une maison ou d’une piscine, nous devrons l’attacher avec un câble lors de l’élagage afin d’éviter les obstacles au sol.
Lorsque nous faisons de l’abattage, il est possible de porter des éperons pour grimper dans un arbre au lieu d’utiliser une échelle. Une fois que l’arboriculteur a atteint la hauteur voulue, il commence par couper toutes les branches possibles en prenant soin de ne rien briser au sol. Lors de manœuvres plus ardues, il est nécessaire d’effectuer différentes techniques de palentage en utilisant des câbles pour diriger les branches et les descendre en sécurité. L’abattage du tronc peut ensuite débuter à partir du sommet, section par section, jusqu’à la base de l’arbre. Peu importe le type de travail exécuté, nous devons toujours faire le ménage du terrain et nous assurer que tout est en ordre avant de quitter l’endroit. Pour ce faire, nous utilisons une déchiqueteuse, afin de réduire les branches en paillis. En plus de l’élagage et de l’abattage, la plupart des entreprises offrent d’autres services, tels que la fertilisation, la plantation et l’haubanage, qui consiste à solidifier un arbre fragilisé à l’aide de câbles ou de tiges et éviter ainsi la rupture de branches à risque ou le fendillement du tronc.
Travailler avec de la matière vivante crée un lien privilégié avec la nature. Même quand la température atteint 35 degrés Celsius lors d’une belle journée d’été, nous sommes protégés de la chaleur et du soleil par les branches et les feuilles. Je travaille en ville, mais je côtoie la nature tous les jours! Certains clients ont des boisés magnifiques sur leurs terrains; en plus de pouvoir admirer ces chefs-d’œuvre, nous faisons parfois des rencontres insoupçonnées avec des oiseaux de proie, des ratons-laveurs ou encore des écureuils. De plus, c’est un travail qui me permet de me tenir en forme. Il m’incite à toujours repousser mes limites, car les tâches sont très physiques. La plus grande satisfaction que je peux retirer de mon métier est sans aucun doute lorsque j’ai la possibilité de sauver un arbre. Un jour, un client a pris contact avec moi au sujet d’une vieille aubépine qui était en très mauvais état. Au lieu de la couper, je l’ai élaguée pour l’alléger du bois mort qui pesait sur les branches saines et je l’ai haubanée pour la sécuriser, car son tronc était fendu. Également, certaines essences comme les sapins et les pins blancs sont moins agréables à abattre parce qu’elles produisent beaucoup de résine, mais cela fait partie du métier. Dans ces cas, il faut veiller à nettoyer notre équipement et nos vêtements après avoir terminé nos tâches, car la résine colle facilement à tout ce qu’on utilise.
Les gens associent souvent nos services à l’abattage. J’ai souvent perdu des contrats au début de ma carrière parce que je refusais d’abattre un arbre qui ne menaçait rien autour de lui. Au fil du temps, je me suis fait une réputation en ce sens et ça a amené une certaine confiance des clients envers mon entreprise. La formation m’a sensibilisé au fait que l’arbre urbain est important, car il protège les maisons des grands vents et les garde au frais pendant l’été, en plus d’être une valeur ajoutée à un terrain et d’agir sur la transformation du gaz carbonique en oxygène. En connaissant tous ces bienfaits, je coupe un arbre seulement en dernier recours lorsque, par exemple, il devient trop gros pour l’endroit où il a été planté, qu’il est mort ou dépérissant et représente un danger ou encore parce que ses racines envahissent le terrain et bouchent les drains. L’arboriculture inclut également la connaissance des insectes et des maladies, certaines personnes vont se diriger alors vers le travail en serre, en pépinière ou en forêt.
De plus, il y a plusieurs facteurs de risque à considérer au quotidien dans nos fonctions, comme la hauteur, les fils électriques et la scie mécanique. Nous devons être très vigilants et toujours avoir l’équipement de protection approprié, comme un casque, un pantalon anti-coupure et un harnais complet avec des crochets de chaque côté pour pouvoir y suspendre une scie mécanique ou une scie à main. Nous disposons aussi d’une corde et d’une longe de sécurité, qui servent à nous attacher dans l’arbre.
Un arboriculteur-élagueur peut soit travailler pour une entreprise privée comme la mienne ou bien être employé par une compagnie qui fait affaire avec Hydro-Québec. Ce sont deux milieux de travail bien différents où chacun peut y trouver son compte selon ses préférences. L’entretien du réseau électrique d’Hydro-Québec offre l’avantage d’un travail à l’année, mais les tâches sont plus répétitives, car la principale fonction est de dégager les fils électriques des branches et des arbres tombés ou qui sont à risque d’endommager le réseau. Pour ma part, j’ai un horaire plus intensif, car je travaille de la mi-avril à la mi-novembre. Je me déplace chez les gens à leur demande, donc je n’ai pas à vivre l’incompréhension que peut ressentir un client chez qui je dois abattre un arbre qu’il aime parce que celui-ci nuit aux infrastructures publiques. Une chose est certaine, il faudra être prêt à bouger peu importe le domaine choisi, car c’est très exigeant physiquement. Tous les jours, nous devons, par exemple, nous déplacer dans les arbres, scier des branches plus ou moins grosses et manipuler l’échelle, qui est quand même très lourde. De plus, il convient d’avoir le goût du risque tout en gardant en tête les dangers potentiels et en agissant de manière responsable. C’est souvent impressionnant pour les clients qui nous regardent accomplir nos tâches. Les adeptes de sports extrêmes vont être servis!