Dès l'automne prochain, le nouveau programme Techniques de pharmacie sera offert dans 10 cégeps de la province. En quoi consiste ce programme et surtout quel sera le rôle de cette nouvelle profession qui fera son arrivée dans nos pharmacies? Caroline Bergeron, conseillère en information scolaire au Cégep de Rivière-du-Loup, nous propose un texte répondant à plusieurs questions suscitées par la venue de ce nouveau programme.
Il y a déjà un peu plus de vingt ans que je travaille dans le réseau collégial et, d’aussi loin que je me rappelle, on parlait d’une nouvelle formation technique en pharmacie. Les besoins se faisaient déjà sentir quant à la présence de personnel technique autorisé à exercer certaines activités pour soutenir le travail des pharmaciens. En octobre dernier, la bonne nouvelle se répand : le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur autorise un nouveau DEC en pharmacie, qui sera offert dans 10 des 48 cégeps de la province. C’est un vent d’optimisme pour les pharmaciens, car la profession a grandement évolué dans les dernières années, surtout depuis l’adoption des projets de loi 41 et 31, respectivement en 2011 et en 2020, qui ont transformé la Loi sur la pharmacie au Québec. Ces modifications à la loi permettent dorénavant aux pharmaciens d’exercer de nouvelles activités professionnelles pour mieux soutenir leurs clients et favoriser l’accès à certains services.
En tant que conseillère en information scolaire au Cégep de Rivière-du-Loup, je réponds quotidiennement à des questions reliées aux programmes d’études versus le marché du travail, dont celui en pharmacie. J’ai le souci de représenter nos programmes de la façon la plus concrète et en harmonie avec la réalité du marché du travail pour accompagner les jeunes dans leur réflexion quant à leur choix de programme. Le défi est grand avec Techniques de pharmacie, puisqu’il s’agit d’un nouveau corps d’emploi, comprenant une nouvelle fonction de travail : le soutien aux pharmaciens, incluant plus de responsabilités comparativement aux assistants techniques en pharmacie (ATP) déjà présents et très engagés dans le milieu. Avec l’aide de deux pharmaciennes de la région, toutes deux employées par le Cégep de Rivière-du-Loup, pour implanter le programme, j’ai réussi à bien comprendre les besoins et surtout à bien cerner ce qui attend nos finissants en Techniques de pharmacie. Je vais d’abord vous présenter brièvement ce programme pour m’attarder ensuite davantage aux tâches qui attendent nos futurs techniciens et techniciennes.
D’abord, le programme Techniques de pharmacie est d’une durée de trois ans, regroupant la formation générale et la formation spécifique, tout comme l’ensemble des diplômes d’études collégiales (DEC). À la suite de l’analyse de la profession, des buts généraux de la formation technique et d’autres déterminants, il est ressorti 21 compétences spécifiques à atteindre pour l’obtention du DEC, en plus de la formation générale obligatoire. Les grilles de cours découlent de ces compétences à atteindre pendant les trois années de formation. Les principales actions de ces compétences spécifiques sont : gérer, coordonner et collaborer, ce qui représente bien ce qui attend nos premiers finissants en pharmacie en 2024. La création du DEC pourrait permettre également aux ATP actuels d’aller chercher une reconnaissance des acquis et des compétences de la profession.
Mes échanges et mes lectures m’ont permis de bien comprendre et de déterminer les tâches qui seront confiées aux techniciens en pharmacie. La réalité actuelle dans les établissements de santé et en pharmacie communautaire est que les ATP sont formés en milieu de travail pour développer des compétences supplémentaires qui n’ont pas été acquises durant leur formation professionnelle. Nous retrouvons également des ATP n’ayant aucune formation au préalable, mais qui ont été formés par le milieu de travail pour exécuter les tâches qui y sont reliées. Nos pharmaciens vivent un débordement et réclament depuis plusieurs années un soutien technique pour déléguer des tâches à des professionnels formés.
Le technicien sera le bras droit du pharmacien et accomplira des tâches cliniques, techniques et de gestion. Il devra coordonner les préparations de produits stériles, prendre part à des études cliniques dans les établissements de santé concernés et collaborer avec le pharmacien au suivi de la thérapie médicamenteuse. Il assurera des services directement aux patients sous la supervision du pharmacien en procédant, entre autres choses, à la collecte d’information et à certains enseignements tels que l’utilisation de petits appareils de suivi ou la manipulation d’inhalateurs. Le technicien en pharmacie sera appelé à rédiger divers documents de référence, comme des procédures de préparation de médicaments.
Force m’a été de constater que nos futurs diplômés auront de grandes responsabilités et qu’ils devront faire preuve d’autonomie. Ils seront chargés de gérer le personnel technique de la pharmacie, de produire des horaires, de veiller à la gestion documentaire, en plus de coordonner la distribution des médicaments.
Ces nouveaux professionnels de la santé auront de beaux défis à relever, et ce, tant en milieu hospitalier qu’en pratique communautaire. L’arrivée des techniciens en pharmacie viendra compléter l’équipe de travail et contribuera à augmenter l’accessibilité des soins de santé en pharmacie pour les Québécois.
*Un merci tout spécial à mes collègues et pharmaciennes, Mesdames Julie Bélanger et Fleur-Ange Denis, pour leur aide dans l’écriture de cet article.
Références :
- L’Ordre des pharmaciens du Québec : 150 ans d’histoire
- Techniques de pharmacie (165.A0), Programme d’études techniques, Gouvernement du Québec, Ministère de l’Enseignement supérieur