Les infirmiers sont bien souvent un des contacts les plus accessibles pour les patients dans le milieu de la santé. En plus de faire un lien direct avec les médecins, les infirmiers sont ces personnes de confiance qui, par leur approche, sont bien souvent déterminantes dans le suivi des patients tant pour les soins que pour le soutien psychologique. Christelle Rémy nous présente divers aspects de cette profession qui l'anime depuis plusieurs années.
Depuis toute jeune, j’étais intéressée par le domaine de la santé ainsi que par la relation d’aide. Déjà au primaire, j’étais celle qui accompagnait les plus jeunes vers le secrétariat de l’école lorsqu’ils étaient blessés. Lorsque j’étais au secondaire, ma mère a dû faire une réorientation de carrière et elle a fait des études pour devenir infirmière auxiliaire. J’ai donc vu ma mère étudier, faire des stages dans le milieu de la santé et je m’intéressais à ses notes de cours.
Quand est arrivé le moment de faire ma demande d’admission au cégep, en regardant les divers programmes, j’ai été attirée par les soins infirmiers, le travail social et l’inhalothérapie. En participant aux activités de portes ouvertes des établissements, j’ai pu rencontrer des enseignants et des professionnels qui m’ont démontré qu’il y a aussi de la relation d’aide dans le rôle des infirmières, comme on pourrait le retrouver en travail social ou en psychologie. Ces rencontres ont concrétisé mon choix vers les soins infirmiers.
À la suite de ma technique en sciences infirmières (DEC), j’ai poursuivi mon parcours vers le baccalauréat en sciences infirmières qui ouvre de plus grandes portes dans l’avancement de carrière. Certains postes particuliers nécessitent un baccalauréat, offrent des conditions de travail plus stables, des milieux de travail plus variés et des fonctions plus diversifiées telles qu’en enseignement, en recherche ou en gestion.
Je travaille actuellement à titre d’infirmière clinicienne en clinique externe dans un programme de gestion de la douleur en oncologie. Au cours d’une journée typique, lorsque j’arrive au travail j’ai déjà mon horaire de rencontres avec les patients. Je commence par prendre mes messages et faire les suivis. Avant de rencontrer un patient, je travaille conjointement avec le médecin à faire l’évaluation du dossier pour une pleine compréhension de la maladie et de l’historique médical du patient. Ensuite, en collaboration avec le médecin ou les médecins spécialistes, nous évaluons ensemble le patient en clinique, puis il y a un retour en équipe médicale pour décider du plan de traitement. C’est un réel travail d’équipe où l'avis de l’infirmière est valorisé et pris en compte en raison de sa proximité avec le patient. Mon rôle me demande aussi d’évaluer le contexte psychosocial des patients afin de s’assurer de la réussite du plan de traitement. Je dois vérifier qu’il y a un réseau autour de lui et que son contexte de vie lui permet d’avoir les chances de réussir son plan de traitement. Je dois donc cerner les autres besoins du patient, outre ses symptômes physiques, et le diriger vers les ressources nécessaires comme la psycho-oncologie, les travailleurs sociaux et les ressources externes. Je dois aussi faire de l’enseignement auprès des patients et de leurs familles pour mettre en œuvre le plan de traitement suggéré. Cet enseignement se doit d’être adapté à la réalité de chaque patient en fonction de ses capacités.
Il y a aussi beaucoup d’infirmières cliniciennes qui travaillent en soins directs aux patients dans les unités des hôpitaux. J’ai accompli ces fonctions pendant plusieurs années aussi. Le rôle de l’infirmière dans ce contexte est de dispenser des soins plus directs aux patients au niveau physique, suivre les ordonnances médicales, administrer des traitements, etc. C’est un travail qui change constamment et qui nécessite une surveillance étroite du patient, des observations de son état et des suivis aux médecins. Il faut aussi s’assurer du bien-être du patient au niveau de son hygiène et de son alimentation. C’est un travail plus physique et qui expose à un stress différent en raison de la demande constante d’attention. Il y a aussi une grande part du travail qui se fait en équipe multidisciplinaire avec les autres professionnels de la santé. C’est un volet du travail qui, avec des cas divers et des équipes différentes tous les jours, nous permet d’acquérir une expertise intéressante. C’est aussi un milieu très stimulant pour toutes les infirmières qui aiment être dans l’action au quotidien, qui apprécient le changement et pour qui ce stress quotidien est motivant.
La profession offre une grande variété de milieux et même d’actions quotidiennes. Une infirmière qui aime son métier pourra assurément trouver un poste qui lui convient, en fonction de son besoin d’action, de son intérêt vers la relation d’aide, de son attrait vers l’accompagnement des patients à plus ou moins long terme, de sa curiosité envers les autres sphères de la profession et du degré d’autonomie qu’elle recherche.
C’est une profession où l’on est tourné vers le patient, la valorisation passe beaucoup par le fait que nous sommes là pour faire du bien, pour être présents pour le patient et sa famille. Nous sommes présents pour contribuer au bien-être de l’humain, de sa santé physique et mentale, c’est la base de la vie, donc c’est important et valorisant.
En tant qu’infirmière on a aussi un rôle de « plaideur », pour défendre le patient. En lien avec le médecin, c’est une approche de soins pour améliorer la santé physique du patient. L’infirmière a un rôle de « porte-voix » en raison de sa relation avec le patient; elle se doit de comprendre ses volontés, ses capacités et de prendre la parole auprès du corps médical pour bien faire comprendre les désirs et les valeurs du patient. C’est grâce à cette relation que le plan de traitement déterminé n’est pas simplement celui qui est la meilleure option médicale, mais plutôt celui qui a le plus de chance de fonctionner dans la réalité du patient.
La lourdeur actuelle du système de santé a des impacts au niveau de l’allocation des ressources nécessaires, qui fait que bien souvent les équipes n’arrivent pas à faire le travail quotidien avec la même qualité qu’on le souhaiterait, et ça rend nos journées plus complexes.
Dans le cadre de mon travail, je trouve plus difficiles les cas où l’on doit aborder la fin de vie et que le contexte nous touche particulièrement. Il faut être capable de vivre ce type de situation avec empathie sans qu’il ait un impact trop grand sur nous.
Ce qui est aussi difficile, c’est de gérer avec la frustration et la douleur des patients. En raison de leur proximité avec les patients et leur famille, les infirmières et les préposés sont souvent les gens qui absorbent cette colère. Avec l’expérience on apprend à demeurer empathique tout en établissant des limites quand il y a une escalade d’émotions et à se tourner vers les ressources nécessaires présentes dans nos milieux de soins pour aider le patient ou nous aider nous-mêmes.
En tant qu’infirmière nous donnons beaucoup en temps, en présence ainsi qu’en empathie. Pour réussir cela, il faut aussi prendre le temps de se ressourcer et de se changer les idées dans le cadre de notre vie personnelle. La pandémie, par ses périodes de confinement, a mis l’importance de la santé mentale des travailleurs de la santé encore plus en avant-plan et nous a démontré la fragilité de cet équilibre et son importance.
En premier, il faudrait que cette personne sache pourquoi elle veut faire ce métier et bien connaître ses motivations. Ce choix doit être fait avec le cœur, car c’est une profession très exigeante au quotidien autant au niveau moral que physique. Il est certain que c’est une profession qui garantit une sécurité d’emploi, mais il ne faut pas considérer ce critère comme la principale motivation pour exercer ce travail pendant plusieurs années. Outre l’intérêt pour les soins, la personne doit être en mesure de travailler sous la pression et être à l'aise avec le travail d’équipe, aimer l’humain et les défis.
C’est une profession où les avenues sont nombreuses, où il est possible de modeler sa carrière en fonction de ses intérêts. Les possibilités d’avancement sont nombreuses et il est toujours possible de continuer notre développement professionnel avec l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, avec son employeur ou d’autres programmes d’éducation. Les formations sont possibles à l’occasion d’événements dédiés, mais aussi la formation entre les infirmières dans le contexte du travail, où l’on voit à outiller nos collègues avec des connaissances pour lesquelles nous avons une spécialité. C’est une profession où les connaissances et les procédures sont toujours appelées à évoluer grâce à l’avancement de la médecine. Même en occupant un même poste pendant plusieurs années, le travail quotidien ne se fait plus de la même façon en raison de l’évolution des connaissances et des méthodes, car nous nous basons continuellement sur les données probantes afin d’offrir les meilleurs soins possibles.