Entrevue avec une comportementaliste canin

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
9 mai 2017
Comportementaliste canin : Claudine Chantal
Claudine Chantal
Comportementaliste canin

Parcours

  • Vétérinaire? Enquêteur de police? Psychologue? Quand Claudine se faisait demander ce qu'elle voulait faire dans la vie, elle avait toutes ces réponses en tête. De ces nombreux intérêts a émergé l'idée du métier qu'elle exerce aujourd'hui et dans lequel elle retrouve bien des aspects de ces diverses professions. Être comportementaliste canin lui permet certes d'être en contact avec les animaux mais elle doit surtout investiguer pour découvrir les difficultés en lien avec leur mauvais comportement et faire preuve d'une bonne dose de psychologie pour comprendre la dynamique de la relation entre le maître et le chien.

Formation

  • Il y a plusieurs façons d'acquérir des connaissances au niveau du comportement canin et de devenir un professionnel du domaine. Il est possible, entre autres, d'accéder à des formations privées généralement offertes par des écoles de dressage et d'éducation canine. Claudine, pour sa part, a fait son apprentissage auprès d'un maître-chien du service de la police. Elle a développé une base de connaissances avec lui qu'elle a complétée par de nombreuses lectures afin de comprendre la psychologie canine et les stades de développement des chiens. Son expérience est en constante évolution sur le terrain puisqu'elle côtoie environ une soixantaine de chiens par semaine, et ce, depuis tout près de quinze ans.

Tâches

  • Une semaine type de travail comprend les cours de groupe qui se déroulent à l'école à heure fixe, soit le lundi et le mardi en soirée ainsi que le samedi matin. Des cours privés, disponibles principalement le jour, s'ajoutent selon les besoins. Claudine adapte son horaire en fonction des demandes. Elle peut même se déplacer à domicile. En plus d'élaborer et de donner les cours, elle nettoie la salle, ramasse les poils et désinfecte la pièce après chaque leçon afin d'éviter la transmission de maladies entre les chiens. En général, les cours sont d'une durée de 8 semaines. À certaines étapes de la formation, les chiens peuvent se rebeller. La tâche la plus importante consiste à expliquer le comportement d'un chien à son maître tout au long du processus. Quelquefois, la réflexion pour trouver la raison d'un mauvais comportement peut s'étendre bien au-delà des heures de cours.

Capacités physiques

  • Cette profession peut être très physique car Claudine doit parfois aider les maîtres qui ont de la difficulté avec leur animal pendant les cours. Par exemple, si un danois décide de mordiller ou de sauter sur son maître, c'est elle qui doit intervenir afin de le calmer. De bons réflexes sont primordiaux afin de se protéger et d'éviter les morsures qui sont un risque du métier. Elle doit savoir réagir sur le coup et ne pas avoir peur des chiens lorsqu'ils montrent les dents ou qu'ils grognent.

Intérêts

  • Bien qu'elle ait eu beaucoup de chiens dans sa vie, elle n'en a pas présentement. Elle trouve d'autant plus satisfaisant d'aider les autres qui en ont et de voir le lien qui les unit se transformer de manière positive. C'est gratifiant de pouvoir outiller le maître afin qu'il puisse parvenir à vivre en harmonie avec son chien plutôt que de donner son animal en adoption. Ce qu'elle trouve dommage, c'est que les gens ne prennent plus vraiment le temps de s'arrêter de nos jours et de comprendre vraiment ce qui pousse un chien à avoir un mauvais comportement. À quoi bon travailler sur le dressage si on ne s'attarde pas sur les vraies raisons qui incitent un chien à agir d'une certaine façon.

Qualités

  • Il est évident qu'il faut adorer les chiens mais également le contact humain. Il faut être un bon communicateur pour vulgariser l'information et transmettre les explications aux gens d'une manière dynamique et intéressante. Par le fait même, cela demande de la patience car les changements de comportement ne se font pas instantanément et demandent souvent de répéter à maintes reprises les mêmes informations. Être alerte, savoir s'adapter rapidement et être en mesure de gérer les imprévus sont des qualités essentielles. En effet, pendant les cours, il faut s'attendre à tout et être prêt à toute éventualité en demeurant calme et en contrôle. Même si quelqu'un a un chien, ça ne veut pas dire qu'il est à l'aise avec ceux des autres. Il est possible qu'il ait peur d'une race en particulier ou encore des gros chiens. Il est vraiment important d'avoir du respect à cet égard.

Aspect méconnu

  • Quand on pense à un comportementaliste canin, on pense tout de suite à l'animal mais c'est plutôt l'humain qui est au centre de la relation entre le professionnel et le chien. Pour exercer ce métier, on doit donc, en plus d'être passionné de l’animal, aimer le contact humain et c'est souvent cet aspect du travail que les gens oublient. Beaucoup de mauvais comportements proviennent d'un agissement inapproprié du maître envers son chien. Une dame peut, par exemple, materner son chien de manière tout à fait inconsciente parce qu'elle a perdu un enfant ou pour combler l'absence de son mari. Il faut d'abord intervenir sur la personne afin qu'elle puisse comprendre pourquoi son chien peut être agressif envers les gens qui tentent de s'approcher d’elle. Le travail consiste autant à faire cheminer le maître que de changer le comportement du chien puisque les deux sont interreliés.

Conseils

  • Avoir son propre chien est une bonne façon de débuter son apprentissage car il est essentiel de bien connaître les chiens. Cela permet de se familiariser dès le départ avec les obligations liées au fait d'avoir un animal de compagnie. De plus, en avoir plusieurs au cours de sa vie permet de découvrir que chaque chien est différent et qu'ils ont tous leur propre caractère, qu'ils soient de la même race ou non. S'associer avec quelqu'un qui est déjà dans le domaine ou travailler dans un domaine connexe, comme en soins animaliers, est une bonne façon d'apprendre et d'être en contact avec les animaux.
Entrevue réalisée par Pascale-Andrée Boivin