Les frigoristes effectuent des travaux d’installation, de réfection, de modification, de réparation ou d’entretien de systèmes de réfrigération et de climatisation. Marc-André Tremblay nous parle de son métier et de son évolution au sein de cette profession.
Personnellement, j’ai été biaisé quant à mon choix de carrière, puisque je fais partie de la 3e génération d’une entreprise familiale qui a plus de 60 ans, dans la région de Charlevoix. On peut ainsi dire que j’ai été sensibilisé très jeune à cette profession et que j’ai eu droit à une belle porte d’entrée pour intégrer le marché du travail. En effet, j’avais 13 ou 14 ans quand j’ai commencé à travailler les étés pour ma famille, et tranquillement, je me suis découvert un réel intérêt pour la diversité des tâches de frigoriste. Pourtant, je n’étais pas particulièrement attiré par le travail manuel, mais j’étais fasciné par l’électricité et son contrôle. Et honnêtement, sans mon expérience familiale, je crois que je n’aurais jamais envisagé ce métier, que je trouve très valorisant!
Au cours des cinq dernières années, je suis d’abord devenu chargé de projet, alliant travail de terrain et travail de bureau. Ensuite, je suis devenu directeur de département et je gère donc mon équipe de frigoristes, mais je suis aussi conseiller aux ventes et responsable des appels de service. Je ne travaille donc plus sur les chantiers, même si parfois le travail de terrain me manque. Mais au cours des derniers mois, mon frère et moi sommes devenus copropriétaires de l’entreprise et j’avoue que c’est une réelle fierté.
En ce qui concerne les fonctions de frigoriste, il est d’abord important de savoir que ce métier s’exerce dans les milieux résidentiels et commerciaux, et dans le domaine de la construction. Les journées typiques de travail diffèrent donc d’un milieu à l’autre, mais se ressemblent en termes de tâches : les frigoristes sont chargés d’effectuer toutes les tâches liées au processus d’installation et de mise en marche des appareils de réfrigération et de climatisation, à la gestion des fluides frigorigènes, à l’entretien des systèmes (maintenance) et à la rédaction de rapports de travaux effectués. Personnellement, j’adore travailler au contrôle à distance de l’électricité grâce à l’informatique.
Les conditions et les avantages sociaux de ce métier sont très bons, je crois même que le salaire des compagnons est rendu à 45$ de l’heure. Mais être frigoriste, c’est aussi « savoir quand tu commences, mais pas quand tu finis! », principalement à cause des appels de service (maintenance). En fait, les systèmes installés ne choisissent pas l’heure à laquelle ils auront un problème, donc les employés doivent s’alterner des semaines de garde (jours, soirs, nuits et fins de semaine). Les horaires peuvent également varier en fonction des chantiers ou des contrats d’installation. Ainsi, les frigoristes sont appelés à travailler sur la route, puisqu’il est évidemment assez rare, surtout en région, de travailler uniquement près de chez soi.
En contrepartie, en tant que responsable des appels de service, j’effectue d’abord un triage des priorités et je suis en mesure de résoudre plusieurs problèmes à distance, ce qui limite les déplacements imprévus. Par exemple, nous sommes maintenant en mesure de travailler à distance sur les systèmes de réfrigération des épiceries, ce qui nous permet de rechercher la source du problème et peut-être de le régler, ou au mieux d’y remédier en attentant une intervention physique. C’est positif, car la plupart des appels de service pour un frigoriste viennent des épiceries.
Les premières qualités qui me viennent en tête sont la polyvalence, l’initiative et l’ouverture d’esprit. Comme les tâches sont très diversifiées dans le domaine de la réfrigération, certaines personnes ou entreprises pourraient être tentées de se spécialiser dans un secteur spécifique. Ce qui n’est pas nécessairement une bonne idée, surtout en région, si l’on souhaite rentabiliser l’entreprise et diminuer les risques de manque de travail, mais aussi pour stimuler le plaisir au travail des frigoristes. La patience et l’esprit critique sont également des qualités fondamentales pour bien analyser les problèmes et être en mesure de les résoudre de manière autonome. Bien évidemment, ce métier exige également d’être en bonne forme physique et respiratoire, parce que nous avons à travailler aux intempéries sur les toits, dans la poussière des greniers, dans la chaleur des pièces mécaniques et surtout, dans des espaces clos qui exigent d’adopter des positions inconfortables.
Et comme nous ne sommes pas une chaîne de production, certaines qualités relationnelles également sont importantes. D’abord, le travail de frigoriste se fait en équipe de deux et demande un certain esprit d’équipe. Ensuite, les frigoristes sont généralement en contact avec les clients et leur clientèle, certains fournisseurs et l’équipe de gestion, ce qui leur demande d’être en mesure de bien communiquer les informations nécessaires à la réalisation ou à la résolution de problèmes soulevés dans l’exercice de leurs fonctions. Après tout, la satisfaction de nos clients est le but ultime!
Ça fait 12 ans que je travaille dans le domaine de la réfrigération et l’évolution se fait de plus en plus rapidement, avec l’avènement des nouvelles technologies et des nouveaux réfrigérants plus respectueux de l’environnement (composition, utilisation, récupération). En effet, les normes environnementales sont de plus en plus rigoureuses et je trouve que c’est une bonne chose, car notre travail a un impact sur les changements climatiques, donc sur l’avenir de notre la planète et de nos enfants.
De ce fait, nos pratiques sont évidemment en constante évolution. Par exemple, l’électronique est en train de remplacer la mécanique, ce qui nous permet de travailler davantage à distance et de ne plus voyager avec un inventaire de pièces mécaniques dans nos camions. Grâce à l’informatique, nous sommes maintenant en mesure de faire nos vérifications à distance (valves, compresseurs, pression, température, etc.), pour détecter le problème potentiel. Il y a donc beaucoup de changements au regard des opérations des systèmes en fonction des réfrigérants utilisés, des huiles, des niveaux de compressions, etc. Ainsi, chaque contrat est unique et demande une analyse approfondie des besoins en termes d’installation et de maintenance.
J’ai mon DEP en réfrigération, et je ne crois pas qu’il soit réaliste d’intégrer un emploi de frigoriste sans cette formation. Il y a d’abord quatre niveaux d’apprentis (4 ans) de 2000 heures chacun à compléter avant d’être admissible à l’examen de compagnon, dont une année qui est offerte pendant la formation professionnelle. Par la suite, aucune formation supplémentaire n’est exigée, mais je considère qu’il est important de toujours se tenir informé des nouvelles technologies, des nouveaux fluides frigorigènes, des nouvelles pratiques responsables, etc.
Premièrement, j’encouragerais la personne à l’essayer, peut-être en faisant un stage, pour explorer les différentes facettes du métier de frigoriste. Souvent, je remarque que les personnes qui se tannent de leur métier, c’est qu’elles travaillent dans un milieu où elles font toujours la même chose, alors que notre métier est tellement diversifié! On touche à la plomberie, à l’électricité, à la ventilation, à l’informatique, à l’électronique. Il est donc important selon moi de se donner le temps d’explorer les différentes tâches et les milieux de travail, afin de déterminer ce qui nous plait davantage. Et surtout, il est important de suivre la formation professionnelle (DEP) en réfrigération, afin de se sensibiliser à toutes les fonctions d’un frigoriste, car je ne crois pas que l’on puisse intégrer cette profession sans cette base essentielle de connaissances.