Entrevue avec une massothérapeute

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
6 décembre 2024
Massothérapeute

La massothérapie nécessite non seulement une connaissance approfondie du corps humain et des compétences techniques spécifiques, mais aussi des qualités humaines. Annie Boilard, passionnée par la relation d’aide, explique comment chaque soin devient pour elle une source de satisfaction et de confiance réciproque, apportant bien-être et sérénité à sa clientèle.

Comment avez-vous choisi votre métier?

Mon parcours vers la massothérapie n’a pas été simple. À l’origine, j’étais animatrice radio, puis j’ai travaillé à la télévision, dans la presse écrite et en marketing. Après 10 ans dans le domaine des communications, je suis devenue agente de migration pour les jeunes en région. Cependant, à 42 ans, j’ai ressenti un profond besoin de changement. Je savais que je voulais exercer un métier qui me permettrait d’aider les gens tout en me faisant du bien. J’ai donc entrepris un processus de réorientation de carrière avec l’aide d’une conseillère, qui m’a aidée à clarifier mes aspirations. Et même si je me faisais masser déjà depuis 15 ans, je n’avais jamais envisagé la massothérapie comme carrière. Finalement, ce processus m’a révélé que cette profession correspondait parfaitement à mes aspirations. À 42 ans, avec un emploi à temps plein et deux adolescents à la maison, c’était un grand saut, mais je sentais profondément que c’était ma voie.

Quelles sont vos tâches dans une journée type?

Ma journée commence généralement vers 8 h, avec la préparation de ma salle pour être prête à accueillir mon premier client à 8 h 30. Au cours de la journée, je reçois de quatre et cinq personnes, avec des soins d’une durée de 60 à 90 minutes. En tant que travailleuse autonome, mon travail ne se limite pas aux massages, puisque je dois aussi m’occuper de l’accueil, d’échanger avec les clients après chaque soin, de nettoyer la salle, de laver les draps, de répondre aux messages pour les rendez-vous et de gérer mes réseaux sociaux. Souvent, je termine vers 19h, parfois plus tard si je dois m’occuper de tâches logistiques et administratives. Travailler chez moi m’apporte une certaine flexibilité, mais cela demande également une discipline rigoureuse pour maintenir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre métier, qui vous passionne ou vous rend fière?

Ce qui me passionne le plus, c’est la relation d’aide, ce contact humain qui fait toute la richesse de mon métier. Lorsque mes clients me disent qu’ils se sentent mieux, plus légers ou détendus après un soin, c’est la plus belle récompense que je puisse recevoir. Ce métier me permet de faire du bien aux gens, et en retour, cela me fait du bien à moi aussi. Je ressens une immense satisfaction de savoir que j’apporte quelque chose de positif dans leur vie. Ce lien et cette confiance qui se créent entre mes clients et moi sont ce que j’apprécie le plus dans mon travail et ce qui me donne envie de continuer.

Qu’est-ce que vous aimez le moins ? Quels sont les défis ou les difficultés de votre travail?

Être travailleuse autonome peut être insécurisant, surtout d’un point de vue financier, car il n’y a pas de salaire fixe. Les débuts, notamment, ont été un défi pour développer une clientèle stable. Parfois, il est difficile de ne pas se remettre en question lorsqu’un client ne fixe pas un autre rendez-vous, mais avec le temps, j’ai appris que cela pouvait dépendre de nombreuses raisons, souvent externes. Aujourd’hui, cet aspect est moins pesant, mais il exige toujours une certaine résilience.

Une chose méconnue de votre métier, que les gens ne soupçonnent pas?

Beaucoup de gens ne réalisent pas que la massothérapie va au-delà de la détente physique. Mes clientes et mes clients se confient souvent, partagent leurs histoires ou leurs peines, et il n’est pas rare qu’ils expriment des émotions fortes pendant ou après un massage. On pense souvent que la massothérapie est simplement physique, mais elle touche aussi l’esprit, elle est en lien avec la relation d’aide. C’est une dimension parfois méconnue, mais essentielle de mon métier, car j’ai appris à être présente pour eux tout en restant professionnelle.

Quel est votre parcours de formation?

Ma formation initiale en massothérapie a duré 450 heures. J’y ai appris les techniques de base du massage californien, ainsi que des notions de relation d’aide, de physiologie, de pathologie et de sexualité, pour offrir un soin complet. Depuis, j’ai enrichi mes compétences avec des formations supplémentaires : massage sportif, lomi-lomi (qui utilise les avant-bras), massage sur chaise, massage aux ventouses et technique des points de déclenchement pour soulager les nœuds. Le corps humain étant complexe, ces formations continues m’aident à toujours mieux répondre aux besoins variés de ma clientèle.

Est-ce que votre travail exige des capacités particulières (physiques, psychologiques, etc.)?

La massothérapie exige une bonne forme physique, car je suis debout une grande partie de la journée, je bouge constamment autour de la table, et j’utilise énormément mes mains et mes pouces. Psychologiquement, il faut aussi être capable d’établir une certaine distance avec les histoires des personnes pour ne pas absorber trop leurs émotions. J’écoute et je suis présente, mais je garde toujours une limite professionnelle. Il faut savoir être empathique tout en maintenant cette distance pour ne pas se laisser envahir.

Constatez-vous une évolution du métier depuis que vous avez commencé à exercer? Des nouvelles tendances dans le domaine?

La base de la massothérapie reste la même, mais l’accès à des formations permet d’enrichir constamment sa pratique. Depuis que j’ai commencé, j’ai appris à adapter mes techniques selon les besoins uniques de chaque personne, créant ainsi une approche personnalisée en combinant différentes méthodes. Les tendances évoluent moins dans les techniques de base que dans l’adaptation des soins aux nouvelles connaissances.

Avez-vous des suggestions à donner à quelqu’un qui voudrait faire ce choix de carrière?

Pour quelqu’un qui envisage cette carrière, je dirais qu’il faut aimer les gens, avoir un intérêt pour le contact physique et être prêt à écouter et à comprendre les besoins de chacun. L’empathie, la sensibilité, et une capacité d’adaptation sont essentielles pour s’ajuster aux différents corps et aux émotions. C’est un métier qui demande de l’attention et de la bienveillance, car chaque personne est unique et mérite un soin personnalisé.

Entrevue réalisée par Karine Filteau