Entrevue avec une palefrenière et enseignante équestre

REPÈRES ta carrière (Entrevues)
7 avril 2025
Hélène Laverdière, palefrenière et enseignante équestre

Si certains comme Obélix sont tombés dans la potion magique, d'autres telle Hélène Laverdière sont tombés dans l'univers équestre. Dans cette entrevue, elle nous parle de son travail peu commun d'enseignante équestre et de palefrenière. La combinaison de l'enseignement et des chevaux peut mener à l’un des plus beaux métiers du monde!

Hélène Lafrenière
Ferme Torima et fille
Palefrenière et enseignante équestre
Question
Comment avez-vous choisi votre métier?
Réponse

On pourrait dire, en quelque sorte, que c’est ce métier qui m’a choisie, car j’ai grandi dans l’univers des chevaux. Dès mon tout jeune âge, mon père avait un cheval en pension. Ma sœur et moi avons grandi à ses côtés. Au fil du temps, notre intérêt envers tout ce qui touche à la sphère équine n’a fait que grandir. Afin d’abreuver notre soif d’en savoir plus, nous avons suivi des formations. Par la suite, nous avons adopté notre premier cheval. Rapidement, plusieurs autres chevaux se sont joints à nous. Étant donné que la famille s’agrandissait, le passage à une ferme s’est rapidement imposé. D’année en année, notre petite ferme familiale a pris de l’ampleur et est devenue une entreprise florissante. Celle-ci offre maintenant une panoplie de services comme des cours d’équitation western, un service de pension équine, du coaching de concours, etc.

Question
Quel est votre parcours de formation?
Réponse

Il va de soi que j’ai beaucoup appris en travaillant à la ferme familiale. À la suite de mon parcours scolaire, j’ai bifurqué vers un autre métier. Cependant, j’ai toujours gardé un pied à la ferme, y travaillant à temps partiel. Après l’arrivée de mes enfants, j’ai pris la décision de me reconnecter à ma réelle passion et de retourner à la ferme à temps plein. Afin d’ajouter une corde à mon arc, j’ai suivi une formation complète d’entraineuse spécialisée chez Cheval Québec. Durant cette formation, j’ai approfondi la discipline de dressage western (reining) et le style d’équitation western appelée performance. L’ensemble de mon bagage d’expériences et de formations m’a amenée à devenir juge de niveau équestre. Personnellement, j’ai toujours préféré suivre des formations pour officialiser mes expertises afin de pouvoir me réaliser pleinement dans mes activités professionnelles. 

Question
Quelles sont vos tâches dans une journée type de travail? À quoi ressemble une journée type? Comment se déroule une journée de travail au quotidien?
Réponse

Étant donné que je suis à la fois palefrenière et enseignante, mes journées sont ponctuées de tâches en lien avec ces deux professions. Tôt le matin, je dois nourrir les chevaux et nettoyer les box. Ensuite, j’accompagne les étudiants qui sont inscrits au programme de sport-études dispensé à l’écurie. De plus, étant donné que nous offrons également l’Attestation d’études collégiales (AEC) Palefrenier professionnel, qui mène à l’exercice de la profession de palefrenier, j’ai aussi la tâche d’enseigner les cours de ce cursus. Il faut savoir que mes journées sont toujours rythmées d’aller-retours à l’écurie. Je dois m’assurer en continu du bien-être des animaux. Considérant que je porte des chapeaux différents à la ferme, mes journées sont plus atypiques qu’un palefrenier à temps plein. 

Quotidiennement, le palefrenier s’occupe de nourrir les chevaux et de nettoyer les box. Il dispense aussi les soins physiques tels que le brossage, le pansage, l’étrillage, etc. Il peut aussi accompagner les chevaux dans leurs sorties à l’extérieur. Il fait aussi office de lien avec le maréchal-ferrant, le vétérinaire et les spécialistes. Ils sont aussi les « anges-gardiens » des propriétaires de chevaux en pension, lesquels ne peuvent être présents au quotidien pour s’assurer de leur bien-être. Après la formation générale, le palefrenier peut se spécialiser selon son champ d’intérêt favori dans les domaines spécifiques de la reproduction, de l’élevage, de l’entrainement, etc.

Question
Qu’est-ce que vous aimez le plus de votre profession? Qu’est-ce qui vous passionne ou vous rend fière?
Réponse

Ce que je préfère de cette profession est sans aucun doute le lien avec les chevaux : c’est en fait le cœur du métier. J’aime aussi partager mes connaissances avec les étudiants et je me sens privilégiée de pouvoir le faire sur la ferme. J’apprécie grandement les échanges que j’ai au quotidien avec eux.

De plus, puisque notre entreprise est en opération depuis plusieurs années, nous avons accompagné plusieurs jeunes avec leurs chevaux, qui volent maintenant de leurs propres ailes. J’éprouve une grande fierté d’avoir été à leurs côtés durant leurs parcours et de pouvoir contempler leurs accomplissements.

Question
Qu’est-ce que vous aimez le moins? Ce qui est le plus difficile? Quels sont les points négatifs, les défis ou les difficultés de votre travail?
Réponse

Un des plus grands défis de l’enseignement est de travailler avec les humains. Particulièrement lorsqu’il s’agit de côtoyer des personnes au tempérament moins agréable ou qui ont des attentes élevées. Certaines personnes ont parfois de la difficulté à reconnaître toute l’ampleur de notre travail.

Le défi du bien-être équestre est aussi un enjeu. Nous devons souvent déconstruire « l’image cinématographique » des chevaux. De ce fait, nous devons travailler très fort à sensibiliser les gens sur l’importance de créer un lien profond avec leur cheval et sur les bienfaits et la nécessité d’inculquer une discipline selon des méthodes éprouvées. Les réseaux sociaux apportent aussi leurs lots de défis, car ils peuvent devenir un lieu de désinformation au lieu d’être un endroit d’échanges. Je trouve cela triste de devoir limiter nos interactions sur ces plateformes en raison des jugements et des commentaires souvent non fondés.

Un autre aspect sensible est celui de prendre soin au quotidien de chevaux qui seront vendus à de nouveaux propriétaires. À certaines occasions, il arrive que l’animal dépérisse, soit par manque de connaissance ou d’écoute de la part de leur nouvelle famille. À ce moment, notre travail est d’aider à trouver des solutions pour régler la problématique. Nous devons collaborer sans porter de jugement.

Question
Est-ce que votre travail exige des capacités particulières (physiques, psychologiques, endurance, tolérance au climat, etc.)?
Réponse

Pour exercer le métier de palefrenier, une bonne forme physique est nécessaire. Il faut aussi avoir une certaine résistance au climat, car le travail se fait toute l’année et dans différentes conditions climatiques.

Question
Une chose méconnue de votre métier? Ce que les gens ne soupçonnent pas?
Réponse

Les gens ne soupçonnent pas que l’on peut vraiment faire un métier et bien gagner sa vie à titre de palefrenier. Il y a un manque de main-d’œuvre flagrant dans ce domaine. Il y a peu de personnes formées et compétentes. En offrant le programme de formation, nous constatons que la demande est grande dans ce milieu et qu’il est facile de trouver un emploi dès la fin de la formation.

Question
Quelles sont vos conditions de travail (horaire, contraintes, avantages, etc.)?
Réponse

Il faut être conscient qu’il s’agit d’un travail avec des horaires de 24 heures par jour. De ce fait, les horaires sont très variés. Le palefrenier travaille autant la semaine que la fin de semaine ainsi que les jours fériés. Les grosses installations fonctionnent généralement avec des horaires en rotation. Cela permet de régulariser, le plus possible, les horaires. De plus, puisque c’est un travail de terrain on se salit beaucoup et on subit les affres de la météo. Le métier est difficile physiquement, c’est donc exigeant. 

Question
Constatez-vous une évolution du métier depuis que vous avez commencé à l’exercer? Les nouvelles tendances dans le domaine?
Réponse

Il est possible d’observer une évolution dans le métier, depuis l’arrivée des médecines alternatives et la priorisation des soins apportés aux animaux. Cela donne encore plus d’importance au rôle du palefrenier qui est central dans les soins. La sociabilisation des chevaux et la mise en extérieur plus fréquente ont aussi un impact sur le métier. 

Le bien-être équin prend aussi plus de place dans le domaine compétitif des sports équestres. On priorise maintenant l’investissement global afin que le cheval puisse compétitionner pendant plusieurs années.

Question
Suggestions à donner à quelqu’un qui voudrait faire ce choix de carrière?
Réponse

De prime abord, je dirais qu’il faut être ouvert à apprendre et à se diversifier. Avant de se spécialiser, il faut d’abord explorer les soins de base et l’ensemble des disciplines disponibles. Les personnes qui aiment travailler à l’extérieur, qui sont de bonne humeur et qui aiment bouger physiquement sont des candidats de choix pour devenir de bons palefreniers.

L'équipe Repères